Le Journal de Quebec - Weekend
PARC JURASSIQUE FÊTE SES 25 ANS
Lorsque Parc jurassique est présenté le 11 juin 1993, les cinéphiles n’en reviennent pas. C’est que Steven Spielberg a réussi à ramener les dinosaures à la vie, offrant aux spectateurs une toute première vision des possibilités des effets spéciaux par ord
Avant même que son roman soit publié, Michael Crichton exige 1,5 million $ ainsi qu’un pourcentage des recettes à quiconque veut transposer Parc Jurassique au grand écran. Les réalisateurs et les studios s’engagent dans une lutte serrée. Universal Pictures et Steven Spielberg, Tim Burton et Warner, Joe Dante et 20th Century Fox ainsi que Richard Donner et Columbia Pictures enchérissent. C’est finalement Universal qui rafle la mise et qui demande au cinéaste de Rencontres du troisième type de tourner Parc jurassique avant La liste de Schindler.
GEORGE LUCAS À LA RESCOUSSE…
Le risque est énorme. « Il n’y avait jamais eu de dinosaures créés par ordinateur avant Parc jurassique. Le succès ou l’échec du film dépendait uniquement de ces créatures numériques », soulignera Spielberg des années plus tard. Car, avant le début du tournage, le réalisateur hésite. Les dinosaures seront-ils des figurines animés avec tout ce que cela comporte d’imperfections ou seront-ils fabriqués informatiquement avec tout ce que cela comporte d’inconnues ? « Nous avions fait des mois de tests avec de l’animation de pâte à modeler et les acteurs. Puis, Dennis Muren et son équipe à ILM [NDLR Industrial Light and Magic, la compagnie d’effets spéciaux de George Lucas] sont arrivés et nous avons décidé de laisser une chance à cette nouvelle technologie. »
« Ray Harryhausen [NDLR l’un des maîtres des effets visuels] est venu dans les studios Universal […] et nous avons longuement discuté. Puis, je lui ai demandé s’il voulait voir le tout premier dinosaure créé par ordinateur. Je lui ai montré le tout premier test, celui dans lequel on voyait un Gallimimus en train de courir à travers un champ. Il n’avait pas de peau, ce n’était qu’un squelette courant dans un champ. Il m’a alors dit : “Voilà l’avenir.” »
Mais ce n’est pas parce que les dinosaures sont virtuels que la postproduction est facilitée. Comme Steven Spielberg est en Pologne en train de tourner La liste de Schindler, il délègue à son ami George Lucas la supervision de la postproduction de Parc Jurassique et le nomme responsable du mixage et des effets sonores en DTS, format audio qu’il finance.
« ANIMATRONIQUES » ÉLABORÉES
Car il faut non seulement créer les dinosaures par ordinateur – chaque image peut prendre jusqu’à deux heures de travail, celles du T-Rex sous la pluie ont demandé six heures chacune –, mais aussi s’assurer de la perfection des plans captés avec les modèles de dinosaures animés également utilisés pour Parc jurassique. Celui du T-Rex, par exemple, est le plus grand jamais construit par les studios de Stan Winston et il mesurait 6 mètres pour 21 de long et pesait pas moins de 7900 kg!
Lorsque le film au budget de 63 millions $ prend l’affiche, c’est le succès immédiat, ses recettes au box-office international atteindront 1,02 milliard de dollars!
« C’était comme d’avoir divisé un atome. L’industrie du cinéma a totalement changé à partir de ce moment. En un instant, Phil Tippett [NDLR autrefois spécialisé en animatronique] a réalisé que ce qu’il faisait était obsolète, Stan Wilson a réalisé que la technologie allait prendre le pas sur son travail. Tout le monde voyait que l’industrie était en train de se modifier », soulignera Kathleen Kennedy, productrice de Parc jurassique dans un documentaire réalisé par l’Académie des Oscars en 2014.
Aujourd’hui, 25 ans plus tard, la franchise Parc Jurassique ne s’est jamais aussi bien portée. Au total, les quatre longs métrages ont rapporté pas moins de 3,68 milliards $ à travers le monde. Monde jurassique : Le royaume déchu arrive sur les écrans le 22 juin et un autre film est prévu pour 2021!