Le Journal de Quebec - Weekend

Brad Bird et ses alter ego animés

- ISABELLE HONTEBEYRI­E

Il y a 14 ans, le scénariste et réalisateu­r Brad Bird créait l’événement avec l’arrivée, sur grand écran, d’une famille animée de superhéros. Aujourd’hui, à la veille de la sortie du deuxième opus de leurs aventures, il lève le voile sur cette production et parle de ses inspiratio­ns.

Dans le monde de la famille Incroyable, les superhéros sont interdits. Mais voilà qu’Helen est approchée pour devenir le visage des superhéros et ainsi gagner la faveur de l’opinion publique. Cela signifie qu’il revient à Bob de s’occuper des trois enfants. Dash est toujours le garçon turbulent qu’on connaît, Violet est une adolescent­e qui se cherche et le petit Jack-Jack possède des pouvoirs… dont ses parents ne se doutent pas.

Brad Bird a décidé que Les Incroyable 2 se situerait juste après les événements vus dans le premier long métrage.

« J’ai trouvé que ce serait quelque chose d’audacieux. Les gens ont tendance à penser à une suite de manière linéaire, notamment parce que les acteurs vieillisse­nt et que cela doit être pris en compte. Mais nous n’avons pas cette obligation, sauf si les voix des acteurs changent. C’était audacieux, parce qu’inattendu et cool », nous a expliqué Brad Bird lors de son passage à Toronto la semaine dernière dans le cadre de la campagne de promotion.

Il a pris un soin méticuleux à conserver les mêmes repères visuels et à faire en sorte que les personnage­s ne changent pas afin que le public retrouve le même univers qu’il y a plus d’une décennie.

« Le public actuel établit une connexion plus forte avec certaines choses, mais ce qu’on voit à l’écran aurait pu exister dans le premier volet. Helen était un personnage fort. Les thématique­s de l’ego et du fait de vieillir étaient déjà traitées dans le film précédent et celui-ci se situe vraiment dans la même lignée. J’ai eu l’idée que ce soit Helen à qui on donne la mission plutôt qu’à Bob pendant le premier volet », a-t-il expliqué.

« Une chose qui a subi de nombreuses transforma­tions pendant la production a été le méchant. Nous avons passé notre temps à le refaire et à le retravaill­er. »

AVEC SON ÉPOQUE

Sans rien révéler des tribulatio­ns qui attendent les Incroyable, il faut souligner que le méchant a, cette fois-ci, un rapport avec la télévision. Le cinéaste, qui, dans l’intervalle, a donné Ratatouill­e, mais aussi Mission Impossible : Protocole fantôme et Le monde jurassique aux cinéphiles, aurait-il l’intention de faire passer un message à son public?

« L’omniprésen­ce de la télévision et son pouvoir est un état de fait qui a toujours existé. Il faut aussi réaliser que la vie, la vraie, s’immisce jusque dans l’animation. Et on peut établir des liens en fonction de sa personnali­té ou de ses centres d’intérêt. »

« Je lis les nouvelles, je marche dans la rue, toute l’équipe le fait aussi d’ailleurs. J’espère ainsi apporter certains éléments à l’histoire des Incroyable. Par contre, je ne veux pas que les gens pensent que je souhaite exprimer des opinions politiques au travers de cette histoire », a-t-il précisé.

INTERGÉNÉR­ATIONNEL

Ce qui caractéris­e Les Incroyable, celui-ci autant que le premier, est que les plaisanter­ies sont identiques pour tous les publics, même si un enfant ne comprendra pas une réplique de la même manière qu’un adulte. Brad Bird n’est jamais tombé dans la tentation — qui existe depuis le tout premier Ère de glace — d’écrire deux catégories de dialogues, l’une destinée aux jeunes et l’autre à leurs accompagna­teurs au cinéma. Mais cela a exigé du travail.

Autre écueil et non des moindres, le fait qu’aujourd’hui, les super-héros sont partout et pour tous les publics, des plus jeunes aux plus adultes.

« C’est un genre qui a été usé jusqu’à la corde, n’a-t-il pas hésité à dire. À l’époque du premier Incroyable, il n’y avait que deux franchises, les Spider

man et les X-Men. Notre rayon d’action était beaucoup plus étendu et nous avions les coudées franches. Aujourd’hui, le genre a été surexploit­é et il faut qu’on arrête un peu pour lui rendre sa fraîcheur. »

UN PEU DE LUI PARTOUT

Pour écrire tous ces personnage­s, tant principaux que secondaire­s, Brad Bird s’est inspiré de sa propre vie, ce qui explique qu’il n’a pas de personnage préféré, car tous lui ressemblen­t un peu.

« Ils sont tous une partie de moimême et je me sens proche de chacun d’eux. J’ai une connexion très forte et très étrange avec Edna [NDLR qu’il double]. J’en ai aussi une avec un nouveau personnage qui s’appelle Voyd [NDLR une ado], parce qu’elle admire énormément Helen et que j’ai déjà été comme elle en rencontran­t des gens dont je suis fan. »

Les Incroyable 2 amuse toute la famille dès le 15 juin.

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