Le Journal de Quebec - Weekend

UNE RÉPUTATION SURFAITE

- BRUNO LAPOINTE

Les échos des différents festivals nous promettaie­nt avec Héréditair­e le film le plus terrifiant des dernières années. Peut-être même de tous les temps. Quoiqu’efficace, la première offrande du cinéaste Ari Aster n’est malheureus­ement pas à la hauteur du buzz qui l’entoure depuis sa première en janvier dernier.

Il y a un bon moment que les fans d’épouvante attendent de pouvoir enfin découvrir le phénomène Hereditary, l’année 2018 n’ayant pas été particuliè­rement généreuse envers eux jusqu’à présent.

Il faut dire que, depuis sa première à Sundance il y a quelques mois, un buzz incroyable entoure ce film. Plusieurs le comparent à L’exorciste ou encore au

Bébé de Rosemary. Certains assurent que des gens ont quitté les salles de projection en plein coeur de l’intrigue, troublés. D’autres racontent que les séances ont provoqué hurlements de terreur et même malaises gastriques.

Bref, des promesses particuliè­rement titillante­s pour les fans d’horreur.

Pourtant, rien de tout ça n’a eu lieu au visionneme­nt de presse du film, à Montréal, le mois dernier.

En réalité, le fan d’épouvante moyen a vu bien, bien plus effrayant dans les

dernières années. Immédiatem­ent, des titres tels que La Conjuratio­n, Ne respire

pas, Babadook, ou encore Martyrs, si on décide d’aller jusqu’à une décennie dans le passé, viennent rapidement en tête. BARRE TROP HAUTE

C’est dommage. Car cette barre, placée bien trop haut, empêchera probableme­nt certains cinéphiles d’apprécier Hérédi

taire. Parce qu’au final, Héréditair­e n’a rien d’un mauvais film. Même qu’il est, par moments, plutôt efficace, lorsqu’on le libère de ces comparaiso­ns.

Le synopsis? Difficile d’en raconter les grandes lignes sans trop en dévoiler. Mais disons que, dans Héréditair­e, une famille endeuillée est confrontée à certains secrets insoupçonn­és, jusqu’alors bien enfouis dans son arbre généalogiq­ue.

Malgré une prémisse plutôt simple, le talent évident, et prometteur, du réalisateu­r et scénariste Ari Aster lui permet de rendre son oeuvre intrigante et intéressan­te. Pour son tout premier long métrage, il démontre une habileté impression­nante à créer des atmosphère­s glauques et franchemen­t tendues. Par contre, ce long film de plus de deux heures aurait grandement bénéficié d’être resserré et peaufiné davantage, ce qui l’aurait rendu plus concis, percutant et punché.

Nul doute que l’avenir, et l’expérience

qui viendra avec, réservent à Ari Aster d’autres projets qui, assurément, lui permettron­t de laisser sa marque. Les fans d’horreur surveiller­ont de près ses oeuvres dans les prochaines années.

DIVINE TONI COLLETTE

Le cinéaste doit également une fière chandelle à ses interprète­s. Il serait insensé de parler d’Héréditair­e sans souligner le travail exceptionn­el de Toni Collette. L’actrice, souvent cruellemen­t sous-estimée, est tout simplement parfaite dans la peau d’une femme, qui doit composer avec tous les secrets de sa mère décédée, tout en tentant de préserver sa propre famille.

D’ailleurs, le nom de Toni Collette commence déjà à circuler dans certains pronostics hâtifs au sujet des prochaines remises de prix tels que les Oscars. Bien qu’il soit un peu trop tôt pour en parler, une nomination serait tout de même bien méritée.

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