Le Journal de Quebec - Weekend
ACCROS À NOS ANIMAUX
Un animal de compagnie est souvent synonyme d’une meilleure santé mentale et physique. Ce n’est pas pour rien qu’on peut facilement passer de longues minutes à rire ou s’extasier devant des vidéos d’animaux sur les réseaux sociaux. Et sachant cela, ce n’est pas pour rien non plus que les émissions qui mettent de l’avant nos animaux se multiplient sur les différentes chaînes télé. On les aime, ils nous divertissent et on veut en prendre soin. EMMANUELLE PLANTE Collaboration spéciale
Selon l’Association des médecins vétérinaires du Québec en pratique de petits animaux, il y aurait actuellement un million de chiens vivant dans des foyers québécois. À peu près 24 % des ménages bénéficient de la présence d’un animal (aux États-Unis, on recense 44 % des foyers qui ont un chien, 32 % au Canada). On évalue aussi le nombre de chats vivant dans nos maisons à 1,52 million. Ce chiffre serait plus important si l’on comptait la population errante ou en refuge. Preuve que ces fidèles compagnons à quatre pattes suscitent intérêt et affection.
Pour mieux les connaître, plusieurs types d’émissions s’offrent à nous : les téléréalités dans des refuges, des émissions de conseils pour une meilleure cohabitation, des documentaires et même un talk-show. Jean Lessard est éducateur canin. Il est aussi l’animateur de l’émission On s’aime en chien diffusée sur Ici Explora. « Il y a beaucoup d’émission sur les animaux parce qu’on aime les voir. Je jasais récemment avec un psychologue et on se remémorait le fait que tout le monde gardait un souvenir d’un party de famille, couché sur le lit dans les manteaux de fourrure. C’est comme si on est naturellement attiré par l’idée de flatter un animal. L’être humain créerait la même hormone que celle de l’amour!
On dit aussi que les propriétaires de chien vivraient plus longtemps et seraient moins malades. Il est donc normal que nous ayons la curiosité d’en savoir plus sur eux. On note un intérêt grandissant envers les animaux, les émissions y contribuent, mais aussi pour les questions de comportement. C’est un domaine qui a évolué où les méthodes sont plus respectueuses. Les gens s’informent. »
TRAVAIL DE TERRAIN
Comme pour les humains, la téléréalité ou le docu-réalité ont gagné du temps d’antenne. Pendant trois saisons, en période estivale, Stéphane Fallu a animé avec beaucoup d’humanité l’émission Cendrillon de TVA : Refuge animal. On y suivait le quotidien de refuges animaliers avec ses adoptions, ses complications et ses deuils. Si certains épisodes nous arrachaient quelques larmes, on y était témoin d’un travail de terrain inspirant par des gens qui ont à coeur le bien-être des animaux.
Cette saison, la SPCA est mise de l’avant grâce à SPCA en action présentée à Canal vie. « Nous avons longuement hésité avant de nous lancer dans l’aventure, avoue Élyse Hynes, inspectrice en chef au département d’inspection de la SPCA depuis 4 ans. Nous exerçons un travail assez difficile qui est polarisant. D’un côté, les plaignants nous font un signalement, mais de l’autre des propriétaires d’animaux ne sont pas contents de nous voir. Mais nous formons une belle équipe et notre travail est méconnu. L’occasion était bonne d’avoir une perspective de terrain et d’offrir de la visibilité à l’organisme, qui est si dévouée pour la cause animale. »
Dans chaque émission, on suit quatre inspectrices appelées à répondre à différents signalements. « Dans notre quotidien, 80 % des cas en sont de négligence, résume la constable Hynes. Il y a un manque d’éducation flagrant, un manque de connaissance et de ressources. Avoir un chien est une responsabilité. On voit, par exemple, des cas courants de parodontie sévère. Comme chez l’humain, les dents de l’animal peuvent pourrir puis tomber. C’est très douloureux. Le cotonnage du poil peut entraîner des problèmes de peau. Certains animaux sont battus, mais la majorité des cas sur lesquels nous sommes appelées ne sont pas spectaculaires, peu sont judiciarisés. »
INFORMER ET SENSIBILISER
« Différents cas dans l’actualité obligent les propriétaires d’animaux à être plus prudents. On assiste à une prise de conscience, note Jean Lessard.
Pendant longtemps, on a tenu nos animaux de compagnie pour acquis. On préférait faire des études sur les abeilles ou les fourmis. » Cette éducation passe aussi par les émissions qu’on nous propose qui ont pour but de mieux nous faire comprendre. « Dans ma pratique, je ne vois souvent que des problèmes, mais plusieurs sont dus à de la réactivité. Les chiens, par exemple, souffrent de plus en plus d’anxiété. Ce sont des éponges à ce que vivent les humains. Ce sont des cas qui sont abordés dans On s’aime en chien. »
« J’ose espérer que la télévision contribue à sensibiliser les gens au bien-être animal », conclut Élyse Hynes.
BÊTES À POILS ET À PLUMES