Le Journal de Quebec - Weekend

UN HOMMAGE AU JOURNALISM­E D’ENQUÊTE

- MAXIME DEMERS

Dix ans. C’est le temps qu’a mis le cinéaste Daniel Roby avant de pouvoir enfin tourner son film Gut Instinct, un

thriller politique qui s’inspire de l’histoire vraie de l’ancien toxicomane québécois Alain Olivier, qui avait été emprisonné pendant huit ans en Thaïlande à cause d’une enquête de la GRC qui a mal tourné.

En ce jeudi après-midi ensoleillé du début de juin, Daniel Roby ne cache pas sa fatigue sur le plateau de tournage de son prochain film, Gut Instinct. Alors qu’il s’apprête à tourner l’une des scènes finales avec l’acteur américain Josh Hartnett et le Québécois Antoine Olivier Pilon, Roby ( Louis Cyr, Funkytown) s’amuse à raconter les nombreux obstacles qu’il a rencontrés avant de pouvoir concrétise­r ce projet de longue date.

« J’ai commencé à suivre le procès d’Alain Olivier et à faire de la recherche pour ce film en septembre 2007, donc ça fait plus de 10 ans que je travaille làdessus ! » lance Roby, entre deux prises.

« J’ai souvent mis le projet de côté, notamment pour tourner Louis Cyr et

Funkytown. Mais cette histoire m’est toujours restée en tête. »

« UNE HISTOIRE IMPROBABLE »

Tourné en anglais et doté d’un budget de 7,2 M$, Gut Instinct se penche donc sur l’histoire incroyable d’Alain Olivier, cet ex-toxicomane québécois qui, dans les années 1980, s’était retrouvé impliqué malgré lui dans une transactio­n de drogue avec de mauvaises personnes et pour de mauvaises raisons.

Quand l’affaire avait mal tourné, il avait été incarcéré dans une prison thaïlandai­se. Son histoire avait alors attiré l’attention du journalist­e Victor Malarek, du Globe and Mail, qui avait enquêté sur cette erreur judiciaire. À son retour au pays, après avoir vécu l’enfer pendant huit ans derrière les barreaux en Thaïlande, Alain Olivier avait intenté une poursuite de 47,5 M$ contre la GRC, en affirmant avoir été piégé.

« Dès la première fois que j’ai lu l’histoire d’Alain (Olivier) dans les journaux, j’ai trouvé que c’était un sujet parfait pour un film, parce que c’est une histoire improbable pour le Canada », évoque Roby.

« Cette histoire me permettait aussi d’aborder la question de la liberté de presse. On oublie souvent à quel point la liberté de presse joue un rôle majeur pour dénoncer ce genre d’injustice. Si le journalism­e d’enquête n’existait pas, ce gars-là serait mort dans une prison en Thaïlande. Avec ce film, j’ai donc voulu rendre hommage au journalism­e d’enquête. En plus, Malarek est un journalist­e d’enquête rebelle qui en fait à sa tête. Il était taillé sur pièce pour faire un film. »

POUR QUE LA VÉRITÉ SORTE

Les vrais Victor Malarek et Alain Olivier ont tous les deux participé à la création du film en racontant leurs versions des faits à Daniel Roby.

C’est le Québécois Antoine Olivier Pilon ( Mommy, 1:54) qui prête ses traits au personnage inspiré d’Alain Olivier. Le rôle de Victor Malarek, quant à lui, a été confié à l’acteur américain Josh Hartnett ( Pearl Harbor, Black Hawk

Down). Ce dernier a été séduit par la fougue et l’originalit­é de Malarek.

« C’est un homme rempli de surprises, souligne Hartnett. Sa passion est contagieus­e. Il y a peu de gens qui ont une telle soif de dénoncer les injustices sociales comme lui, sans se mettre en vedette. Mais, en même temps, il a un gros ego. Il est convaincu qu’il peut faire changer les choses avec son travail. »

Le tournage de Gut Instinct a débuté en Thaïlande en mars dernier avant de se poursuivre à Vancouver pendant quelques jours en avril et enfin à Montréal pendant plusieurs semaines en mai et en juin. Le film Gut Instinct devrait prendre l’affiche en 2019.

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Antoine Olivier Pilon dans une scène du film Gut Instinct.

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