Le Journal de Quebec - Weekend
UN JEU DANGEREUX
Laurence Leboeuf se tient loin des réseaux sociaux pour « préserver sa santé mentale ». Elle sait pertinemment que Twitter, Facebook, Instagram et compagnie peuvent être des outils de rapprochement, de partage et d’information extraordinaires. Mais elle sait également qu’ils sont capables du pire, comme en témoigne Le jeu, sa nouvelle série de fiction à TVA. « Il y a des côtés tellement sombres, tellement malsains... Je n’arrive pas à passer par-dessus. Je préfère garder mes distances », déclare l’actrice au Journal.
Écrit par Martin Girard ( Nitro Rush, Ma fille, mon ange) et Mylène Chollet (coscénariste de quelques épisodes de L’Échappée), ce thriller en 10 épisodes brosse le portrait de Marianne (Laurence Leboeuf), une conceptrice de jeux vidéo bourrée de talent qui devient victime de cyberintimidation après avoir dénoncé – au cours d’un panel de discussion auquel elle participait – les usagers qui répandent leur fiel sur internet. Plongée au coeur d’une controverse qui enflamme les médias sociaux, la jeune femme fait l’objet d’une campagne de dénigrement qui empoisonne sa vie, en plus de mettre en danger sa sécurité et celle de ses proches.
« C’est inspiré d’une histoire vraie, celle d’une développeuse de jeux qui s’est fait harceler en 2014, explique la comédienne de 32 ans. Elle s’est fait traiter de tous les noms. Des choses horribles qu’on n’aurait jamais pu montrer à l’écran. Des menaces de viol, etc. C’est hallucinant de voir à quel point ça peut aller loin. »
FORCE DE CARACTÈRE
Laurence Leboeuf décrit Marianne comme une femme optimiste qui regarde devant et non derrière. « Ça lui permet de garder la tête hors de l’eau le plus longtemps possible malgré tout ce qu’elle endure. Elle s’est taillé une place dans un milieu d’hommes. Ça montre qu’elle a une grande force de caractère. »
Quand on demande à Laurence Leboeuf s’il a fallu qu’elle montre une grande force de caractère pour réussir à percer le domaine artistique, la principale intéressée répond par l’affirmative.
« Il faut surtout avoir une grande force pour rebâtir sa confiance et son estime de soi quand tout ce qu’on te dit, c’est “non”, quand une autre se fait choisir à notre place, quand on passe proche de certains projets... Ne pas se laisser abattre, c’est dur, des fois. »
LOIN DES TROLLS
Puisqu’elle refuse de succomber aux réseaux sociaux, Laurence Leboeuf n’a jamais été victime d’attaques de fauteurs de troubles sur internet, plus communément appelés des trolls. Elle possède un compte Twitter (@RealLaurenceLe), mais quelqu’un d’autre se charge de l’alimenter. Elle avait été contrainte d’adhérer à la plateforme en 2015 pour promouvoir l’adaptation anglaise de 19-2, dans laquelle elle tenait un rôle.
« J’ai Instagram, mais je n’y suis pas allée depuis un an. Je suis allée sur Facebook quelquefois, mais je n’ai jamais publié grand-chose. Quand les gens veulent me parler, ils doivent le faire en personne. Et c’est toujours de bons commentaires. Personne ne m’arrête pour me dire : “T’es poche !”. Alors que sur internet, c’est le genre de trucs qui arrivent souvent. »
DES DINOSAURES
Laurence Leboeuf ne croit pas avoir raté beaucoup d’opportunités de carrière parce qu’elle évite les médias sociaux.
« Pour l’instant, je tiens mon bout. On ne m’a pas encore dit : tu n’as pas ce rôle parce que tu n’as pas tant de followers. On continue de m’engager et tout va bien. Je mène une belle carrière pareil. »
Fait à signaler, Laurence Leboeuf n’est pas la seule actrice du Jeu à fuir Twitter. Son ex-petit ami, Éric Bruneau, qui incarne le copain de Marianne, adhère également à cette philosophie.
« On doit être les deux seuls de l’Union des artistes ! plaisante la comédienne. On fait partie des rares dinosaures ! »
COUPS DE COEUR
Laurence Leboeuf dit avoir découvert plusieurs excellents jeunes acteurs lors du tournage du Jeu, qui s’est achevé au début du mois. Elle mentionne notamment Alice Moreault, qui campe sa meilleure amie, et Laura Compan, qui incarne sa nièce.
La lauréate de trois prix Gémeaux est également devenue amie avec Debbie Lynch-White, qui interprète une productrice chez Arcade Games, la boîte pour laquelle travaille Marianne.
« On a cliqué vraiment vite, raconte-t-elle. Je suis tellement contente de l’avoir rencontrée. Elle m’a tellement fait rire ! C’est vraiment une belle personne et quelqu’un que j’espère garder dans ma vie très longtemps. »
Quant au réalisateur Claude Desrosiers (Olivier, Feux), Laurence Leboeuf parle d’un véritable coup de foudre professionnel. Bien qu’elle travaille comme actrice depuis l’âge de 11 ans, elle n’arrive toujours pas à croire qu’ils ne s’étaient jamais croisés auparavant.
« Il est tellement présent, tellement passionné… Son coeur était avec nous à chaque moment. Il s’est donné corps et âme. Le jeu, c’est sa vision. »
ZEN MALGRÉ LES ATTENTES
Selon les prévisions des agences de pub montréalaises, Le jeu devrait remporter un grand succès cet automne. Laurence Leboeuf sait également que TVA fonde beaucoup d’espoir sur cette production des studios Amalga ( L’Échappée, Le trip à trois). Le thriller occupe d’ailleurs la même case horaire que Fugueuse, une autre série qui traitait d’un phénomène de société.
Malgré tout, la comédienne demeure zen à 10 jours du lancement officiel. « Je souhaite le meilleur, mais ce n’est plus entre nos mains. Ce qui arrive ensuite, c’est hors de notre contrôle. Ce que je peux dire, c’est qu’on est fier de ce qu’on a fait. On a le sentiment du devoir accompli, du travail bien fait. »