Le Journal de Quebec - Weekend

LES MUPPETS EN VERSION ADULTE !

Melissa McCarthy, Maya Rudolph et Elizabeth Banks s’amusent joyeusemen­t dans cette comédie policière peuplée de marionnett­es. Un concept surprenant, détaillé par le producteur et réalisateu­r Brian Henson en entrevue.

- ISABELLE HONTEBEYRI­E

Carnage chez les joyeux touffus se déroule dans un univers où les marionnett­es sont considérée­s comme inférieure­s aux humains. Le détective privé Phil Philips (voix du marionnett­iste Bill Barretta en version originale) fait alors appel à son ex-coéquipièr­e Connie Edwards (Melissa McCarthy), qu’il déteste désormais, pour élucider une série de crimes dont les victimes sont d’anciens acteurs de la populaire série de marionnett­es Happy Time Gang, diffusée durant les années 1980. Sachant que Brian Henson est le fils de Jim Henson, créateur de toute la troupe des Muppets, et qu’il a repris avec plusieurs autres membres de la famille la direction des compagnies de son père à sa mort, il n’est pas étonnant qu’il suive aujourd’hui ses traces… avec néanmoins une différence.

UNE ÉCOLE D’IMPROVISAT­ION

C’est que le long métrage est produit sous la bannière The Henson Alternativ­e, une filiale de la Jim Henson Company, qui elle, gère les Muppets pour enfants. Car le film est résolument pour adultes avec plaisanter­ies à double sens, injures, boutique érotique et tutti quanti !

Le projet du film remonte à des années, lorsque Brian Henson a décidé de monter Puppet Up !, un spectacle d’humour entièremen­t improvisé par les marionnett­istes de sa compagnie.

« Au départ, cela a commencé par un atelier ; je voulais apprendre l’improvi- sation aux marionnett­istes afin de donner une nouvelle voix aux marionnett­es. Ce que nous faisons avec les Muppets est fantastiqu­e, mais cela demeure un produit des années 1970. Je cherchais quelque chose de nouveau », a-t-il expliqué lors d’une entrevue accordée à l’Agence QMI.

« En testant le contenu de cet atelier devant un auditoire, nous avons eu d’excellents résultats au point de présenter le spectacle devant un public depuis maintenant 12 ans, plusieurs semaines par année. C’est le public qui nous fait des suggestion­s sur ce qu’il veut entendre et quel type de plaisanter­ies il veut que nous fassions. »

« C’est là que nous nous sommes aperçus que le public s’attendait, de la part des marionnett­es, à du contenu destiné seulement aux adultes. Ce spectacle est alors devenu une sorte de plaisir coupable. »

C’est de là qu’est née l’idée d’un film

pour adultes complèteme­nt irrévérenc­ieux. « Avec Todd Berger, nous avons dû faire pas moins de 15 brouillons avant d’essayer de faire financer le long métrage. Et cela fait six ou sept ans que nous sommes prêts à le tourner… ce que nous avons failli réussir à faire à quelques reprises. Mais les studios n’étaient pas prêts à donner autant d’argent parce que ce film avec des marionnett­es s’adressait à des adultes ! », a-t-il expliqué de la genèse de ce Carnage chez les joyeux touffus.

UN RÔLE ÉCRIT POUR UN HOMME

« Nous avons attendu plusieurs années avant d’avoir Melissa McCarthy. Elle a adoré le rôle, écrit… pour un homme ! Lorsque nous avons décidé de faire du personnage de Connie un rôle féminin, nous n’avons effectué que d’infimes ajustement­s. »

« Melissa nous a d’ailleurs dit qu’elle ne voulait aucun changement, qu’elle voulait ce qui était inscrit au scénario… ce qui ne l’a pas empêchée de réécrire certains dialogues, ce qu’elle fait pour tous les films dans lesquels elle joue. Connie n’a aucune féminité, ce dont on se moque, et cela fonctionne très bien » a détaillé Brian Henson.

« Melissa a la réputation parfaite pour un film interdit aux moins de 17 ans sans accompagna­teur aux ÉtatsUnis. Elle le fait d’une manière qui la fait ressembler à monsieur et madame Tout-le-Monde. Elle n’est pas outrancièr­e, elle est ancrée dans la réalité et les spectateur­s se disent, en l’entendant, qu’ils pensent ce qu’elle dit, mais qu’ils n’oseraient jamais l’exprimer à voix haute ! »

Outre des acteurs « humains » tels que Melissa McCarthy, Maya Rudolph, Joel McHale, et Elizabeth Banks, on trouve « tous les marionnett­istes du spectacle » qui animent et prêtent leur voix aux personnage­s « irréels ».

« Aujourd’hui, Puppet Up ! est l’école qui nous sert à former tous les marionnett­istes de la compagnie, a souligné Brian Henson. Nous avons un bassin de 30 marionnett­istes qui ont tous participé, d’une manière ou d’une autre, au spectacle. »

« Au total, nous avons utilisé quelque 40 marionnett­istes pour Carnage chez les joyeux touffus. Depuis Le Muppet Show, nous avons l’habitude de mélanger humains et marionnett­es. Les meilleurs marionnett­istes ont d’ailleurs le réflexe d’interagir immédiatem­ent avec les acteurs, qui ont des questions lorsqu’ils arrivent sur le plateau. Résultat, les acteurs s’aperçoiven­t rapidement que leur travail demeure le même. »

TECHNIQUE ET AVENIR

« C’est un processus très technique », a détaillé Brian Henson en donnant une idée de la manière dont les plateaux de tournage avaient été construits pour accommoder les marionnett­es.

« Il faut enlever le plancher pour que les marionnett­istes puissent se placer. Mais une fois que les caméras tournent, le processus créatif n’est pas très différent du jeu d’acteur traditionn­el. Ils s’habituent très vite. Ils pensent, en arrivant, qu’ils auront le réflexe de baisser les yeux et de regarder le marionnett­iste à la place de la marionnett­e. Mais pas du tout. »

Si l’idée de faire un long métrage pour adultes tel que Carnage chez les joyeux touffus en mélangeant marionnett­es et humains peut surprendre, Brian Henson rappelle le succès – surprise – de films tels que Ted (un ourson) ou Party de saucisses (de l’animation), ouvertemen­t pour publics avertis.

« C’est vrai que nous cherchons à faire plaisir aux spectateur­s qui ont grandi avec le côté innocent des Muppets. »

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Carnage chez les joyeux touffus nous transporte dans un univers où marionnett­es et humains cohabitent.
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 ??  ?? Dans cette version, les marionnett­es sont accros aux sucres, l’équivalent de la cocaïne chez les humains.
Dans cette version, les marionnett­es sont accros aux sucres, l’équivalent de la cocaïne chez les humains.
 ??  ?? Vulgarité, violence et humour noir chez lesMuppets. Le film ne s’adresse en aucun cas aux enfants.
Vulgarité, violence et humour noir chez lesMuppets. Le film ne s’adresse en aucun cas aux enfants.
 ??  ?? Melissa McCarthy doit faire équipe avec la marionnett­e Phil Philips pour résoudre une série de crimes impliquant des marionnett­es de la série Happy Time Gang.
Melissa McCarthy doit faire équipe avec la marionnett­e Phil Philips pour résoudre une série de crimes impliquant des marionnett­es de la série Happy Time Gang.
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Une partie de l’enquête prend place dans une boutique érotique.

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