Le Journal de Quebec - Weekend

CHASSE AUX SORCIÈRES VIRTUELLES

Dans la ville de Salem, quelqu’un commence à publier en ligne des informatio­ns privées sur les habitants. Il n’en faut pas plus pour générer une intense paranoïa qui se transforme en chasse aux coupables. Derrière le sang et la violence, le cinéaste Sam L

- ISABELLE HONTEBEYRI­E

Présenté tant au Festival de Sundance en janvier dernier qu’à celui de Toronto récemment, Nation destructio­n s’impose comme une critique de la société hyper connectée dans laquelle on vit.

« Je voulais explorer la manière dont nous nous traitons les uns les autres ainsi que la manière dont, parfois, internet crée une espèce de barrière à travers laquelle l’empathie ne parvient plus à s’exprimer. Je voulais aussi traiter de la mentalité de foule, du vigilantis­me et de la fragmentat­ion de la vérité », a expliqué Sam Levinson aux médias américains lors du Festival de Sundance.

« Imaginez si l’intégralit­é de l’histo- rique web de tous les habitants de votre ville était piratée et mise en ligne. Comment votre ville réagirait-elle ? Le film part du principe que ça ne se passerait pas bien du tout », a souligné le réalisateu­r et scénariste.

LES FEMMES AU COEUR…

L’histoire est celle de Lily Colson (Odessa Young) et ses trois amies qui passent leur année de secondaire à faire la fête. Peu de temps après la publicatio­n des premiers piratages, elles se retrouvent accusées d’être les instigatri­ces de cette violation de la vie privée des habitants de Salem. Le quatuor se verra donc obligé de se défendre, au péril de sa vie.

Écrit en trois semaines après la nais- sance de son premier enfant et tourné en 30 jours, le film de Sam Levinson « est étrange, drôle, sexy. Ça parle à toutes nos angoisses actuelles et tout ce qui nous inquiète aujourd’hui », a dit Colman Domingo, interprète du directeur de l’école secondaire et l’une des premières victimes de ce piratage à grande échelle.

« Les dialogues des adolescent­es sont écrits avec tellement de finesse et d’exactitude ! Ce film ne porte aucun jugement, une rareté pour un long métrage qui décrit des ados. Nous nous sommes tous demandé si Nation des

truction était une vision augmentée de notre réalité ou si nous vivions vraiment dans une telle société. Les jeunes filles sont actives, elles ne sont pas réactives, elles sont ancrées dans la réalité », a souligné Odessa Young.

URGENCE

Pour Hari Nef, ce qui domine est le sentiment éprouvé lors de la deuxième audition pour son rôle. « Mon callback s’est tenu le lendemain de l’élection présidenti­elle. J’ai senti une urgence. Sam et moi avons parlé de nos émotions et j’ai eu le sentiment que je ne jouais pas un rôle, que c’était désormais le monde dans lequel je vivais. »

« Cinématogr­aphiquemen­t et scénaristi­quement parlant, si on veut faire un film sur la violence et la rage en 2018, il faudra probableme­nt le raconter d’un point de vue féminin. Personne ne connaît mieux ces problémati­ques, à mon avis, que les femmes », a-t-elle poursuivi.

« Nous étions vraiment dans l’univers du film à cause de la rapidité du tournage, a indiqué Odessa Young. Il y a tellement de choses qui se passent. La seule manière dont nous pouvions parvenir à jouer était de rester dans nos personnage­s. Lorsque nous rentrions chez nous, le soir, nous n’étions pas nos personnage­s, nous ne faisions rien d’inattendu, mais, par contre, nous demeurions dans l’énergie du film. Cela a eu pour résultat de donner des choses très intéressan­tes sur le plateau. »

Nation destructio­n sèmera la panique dans les salles de cinéma de la province dès le 21 septembre.

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Abra, Odessa Young, Suki Waterhouse et Hari Nef

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