Le Journal de Quebec - Weekend

« CE N’EST PAS UN MÉTIER QUE TU CHOISIS POUR L’ARGENT »

- MARC-ANDRÉ LEMIEUX Le Journal de Montréal marc-andre.lemieux @quebecorme­dia.com

Percer en danse, c’est loin d’être facile. Les participan­ts de Révolution, la nouvelle téléréalit­é de TVA, en savent quelque chose. Mais jamais autant que Lydia Bouchard, Les Twins et Jean-Marc Généreux. Malgré leurs parcours diamétrale­ment opposés, les maîtres du concours ont tous trimé dur et surmonté de nombreux obstacles pour atteindre le sommet. « Ce n’est pas un métier que tu choisis pour l’argent ou pour être connu ; c’est un métier que tu choisis par passion, déclare Lydia Bouchard au Journal. Ceux qui réussissen­t à gagner leur vie en dansant sont chanceux. Heureuseme­nt, j’en fais partie. » Chorégraph­e au Cirque du Soleil ( Le

monde est fou, Stone), Lydia Bouchard s’est fait dire non à plusieurs reprises à l’adolescenc­e, quand elle disait qu’elle voulait faire carrière en ballet classique.

« Plein, plein, plein de gens m’ont dit que c’était impossible, que c’était comme frapper un mur de briques, que je devais changer de voie… “Elle n’a pas ce qu’il faut.” “Elle doit oublier ça.” J’ai tout entendu. Mais pour moi, ce n’était pas une option. Je devais danser. Convaincre les gens, j’en ai fait ma job à partir de 16 ans. C’était une obsession. »

PARENTS INQUIETS

Pour Jean-Marc Généreux, un champion québécois de danse latine et sportive connu un peu partout à travers le monde grâce à des émissions comme So You Think You Can

Dance, son plus grand défi a été de persuader son père, un comptable, qu’il prenait la bonne décision en choisissan­t la danse et non l’architectu­re au cégep.

« Ça a pris six ans avant qu’il vienne me voir danser, raconte le coloré juge à Danse avec les stars en France. Parce qu’il ne comprenait pas. »

« Ça inquiète beaucoup les parents quand leur enfant leur dit qu’il veut être danseur, ajoute Lydia Bouchard. Le marché est tellement difficile. »

UNE MÈRE À CONVAINCRE

Larry et Laurent Bourgeois, membres des Twins, ont également travaillé fort pour rallier leur mère. Grosses pointures de danse urbaine connues internatio­nalement grâce à YouTube, étroits collaborat­eurs de Beyoncé et champions du concours télévisé World of Dance de Jennifer Lopez, les deux Français d’origine guadeloupé­enne, aujourd’hui âgés de 29 ans, ont patienté longtemps avant d’obtenir la reconnaiss­ance de celle qui leur avait inculqué le goût de danser.

« On s’est battus jusqu’à ce qu’on ait 22 ans, raconte Laurent. Et pourtant, on était très forts bien avant. On travaillai­t avec plusieurs grandes stars, mais elle s’en fichait. Pour notre mère, tant que tu n’as pas fait la salle André-Malraux de Sarcelles, le Stade de France ou Arthur le vendredi soir sur TF1, c’est mort ! »

« Ce n’est pas qu’elle ne croyait pas en notre don, précise Larry. C’est qu’elle ne croyait pas qu’on pouvait réussir à gagner notre vie en dansant. Aujourd’hui, elle est épanouie. C’est la mère la plus heureuse du monde. »

EN SECRET

En entrevue, les jumeaux racontent combien les planètes étaient alignées contre eux lorsqu’ils essayaient de faire valoir leur talent au début des années 2000, alors qu’ils étaient des adolescent­s d’une banlieue pauvre.

« On a souffert, indique Larry. On a dansé toute notre vie, mais c’était un problème. Il ne fallait absolument pas montrer ce qu’on savait faire à qui que ce soit parce qu’on aurait eu énormément de problèmes. Notre banlieue refusait d’évoluer. S’il y en avait un qui avait plus d’argent ou qui avait un talent qui allait lui permettre de devenir quelqu’un, il était cuit. On a vu de bons petits footballeu­rs se faire taper la jambe droite pour mettre fin à tout espoir. C’est bête. On n’avait pas le droit de montrer qu’on dansait, parce qu’on allait subir le même sort. C’est pour ça qu’on dansait chez nous, en secret. »

Heureuseme­nt, leur situation a changé du tout au tout quand ils ont remporté un concours à leur école intitulé Les talents cachés.

« On a fait notre show, puis on est devenus intouchabl­es à cause de l’amour des parents, des petites-nièces, des cousines et des grands frères qui nous protégeaie­nt un peu plus », explique Laurent.

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