SONIA BENEZRA EN TERRAIN (IN)CONNU

Sonia Benezra n’a jamais aimé répéter. Émanant d’une animatrice ayant fait des centaines et centaines d’heures de direct à Musique-Plus et TQS au cours des décennies 1980 et 1990, cet aveu n’étonnera personne. Et pourtant, c’est avec un large sourire et une langue bien déliée qu’elle nous reçoit au Théâtre Impérial, au terme d’une longue générale de Tout le monde aime, sa nouvelle émission de variétés à TVA.

« Je déteste le manque de spontanéité dans notre télévision, déclare l’ancienne VJ. Quand j’animais ma quotidienne, on n’avait pas de générale. Les artistes venaient, faisaient leur test de son et

that’s it that’s all. Je n’avais pas besoin de répéter mes questions. J’étais bien préparée. J’écoutais les réponses des artistes. Je suivais ce qu’ils me disaient. »

UNE NOUVELLE FAÇON DE FAIRE

Tout le monde aime requiert un tout autre type de préparation pour Sonia Benezra. C’est du moins ce qu’on observe en assistant aux répétitions du spécial consacré à Mario Pelchat, qui sera présenté un peu plus tard cette saison. Chaque segment est minutieusement mis en place et révisé, y compris les portions d’entrevue. Ces dernières se font en l’absence du chanteur, bien entendu, histoire de préserver un minimum de surprises au principal intéressé.

Car bien que Tout le monde aime célèbre l’oeuvre d’un artiste établi (des émissions seront notamment consacrées à Dan Bigras, Éric Lapointe, Roch Voisine, Michel Louvain et Ariane Moffatt), ce dernier participe activement aux numéros musicaux. Sonia Benezra assure les liens entre chacun des blocs en menant la discussion. « Je sais que c’est de courts extraits d’entrevue, mais je prends quand même le temps de faire une recherche comme si c’était une conversation d’une heure. Parce je veux qu’on discute de vraies choses. Des fois, je voudrais aller plus loin. Mais c’est impossible. Au début, j’étais comme : “On dit juste ça ?” Mon Dieu, que j’aurais aimé poser telle ou telle question ! »

MÈRE NOËL

L’ajustement a été difficile, avoue l’intervieweuse de 57 ans. Mais en fin de compte, elle a trouvé son plaisir.

« Tout le monde aime, c’est vraiment une émission de variétés qui comprend des moments intimes. C’est une émission dans laquelle j’ai l’impression d’être maman Noël. Je veux que l’artiste s’en aille en disant : “Wow ! Regarde ce qu’ils ont fait.” Je veux les voir repartir heureux et émus. J’aime ce genre de réaction. »

« Apporter du bonheur aux gens, c’est un beau rôle à avoir. Surtout aujourd’hui. Le monde va tellement mal. Un peu d’amour, ça fait toujours du bien. »

MONTÉE D’ADRÉNALINE

Tout le monde aime marque le grand retour en ondes de Sonia Benezra après plusieurs années d’absence. En entrevue, son bonheur de retrouver son rôle d’animatrice est palpable, mais jamais autant qu’en cours d’enregistrement, devant un parterre bondé.

« Quand le public arrive… Quand tu vois tous les visages qui s’illuminent, il y a une montée d’adrénaline. Ça fait toujours le coup. C’est magique. »

« Je suis très, très heureuse de retrou- ver mon métier et les gens que j’avais l’habitude de voir régulièrement, poursuit la lauréate de nombreux prix Métrostar. Mario Pelchat venait tout le temps à mon émission. Je lui ai remis des disques d’or. On a vécu de belles choses ensemble. Quand on se revoit, on parle de tout ça. »

UN TRAC TOUJOURS PRÉSENT

Malgré ses nombreuses années d’expérience, Sonia Benezra a encore le trac avant de monter sur scène ou d’entamer le tournage d’une émission. Les jours précédant un enregistrement, son niveau de stress atteint des sommets.

« Ça fait plus de 30 ans et rien n’a changé. Je dors très mal la veille d’un show. J’ai beaucoup de difficulté à relaxer parce que je veux donner le maximum aux gens du public. J’ai beaucoup de respect pour eux. Ils se déplacent pour assister au show. Quand je faisais ma quotidienne à TQS et qu’il y avait des tempêtes de neige, j’étais persuadée que personne n’allait venir. Mais non ! J’étais surprise chaque fois qu’autant de gens se déplacent. » Sonia Benezra pilote Tout le monde

aime sans télésouffleur, un outil qu’elle n’aime pas. Et puisqu’elle anime devant public, elle évite également les cartons aide-mémoire.

« J’arrive extrêmement préparée, explique-t-elle. Des fois, j’ai même trop d’informations en tête. »

SOUTIEN FAMILIAL

Une fois les caméras éteintes, quand la pression retombe, Sonia Benezra aime rentrer chez elle et regarder de vieux films en noir et blanc jusqu’à 3 h du matin. Le lendemain, elle lit les messages textes que ses soeurs lui ont envoyés pour savoir comment les choses se sont passées.

« Elles sont toutes avec moi, dit-elle. C’est un retour qu’elles souhaitaient plus que moi à certains moments. »