Le Journal de Quebec - Weekend

UNE COMÉDIE LÉGÈRE ET RAFFINÉE

- MAXIME DEMERS Le Journal de Montréal maxime.demers @quebecorme­dia.com

Après avoir remporté un succès d’estime avec ses films Le vendeur et Le démantèlem­ent, le cinéaste Sébastien Pilote vise un public plus large en proposant cette foisci une comédie dramatique légère et raffinée, La disparitio­n des lucioles, certaineme­nt son film le plus lumineux et accessible à ce jour. Mais si le résultat final s’avère charmant et séduisant, on s’ennuie tout de même un peu de la profondeur et de la force dramatique de ses deux premiers longs métrages.

La disparitio­n des lucioles ∂∂∂∂∂ Σ Un film de Sébastien Pilote Avec avec Karelle Tremblay, Pierre-Luc Brillant, Marie-France Marcotte, Luc Picard et François Papineau. À l’affiche.

Fraîchemen­t récompensé du prix du meilleur film canadien au Festival de Toronto, La disparitio­n des lucioles nous plonge dans le quotidien de Léo (Karelle Tremblay), jeune fille fougueuse et marginale de 17 ans qui s’apprête à terminer sa dernière année d’école secondaire et qui se questionne sur son avenir sans trop essayer d’y penser.

Vivant dans une ville qu’elle veut fuir (Saguenay), Léo ne s’entend pas du tout avec sa mère (Marie-France Marcotte) et encore moins avec son beau-père (François Papineau), une vedette locale qui travaille comme animateur d’une radio poubelle. Et surtout, elle s’ennuie de son père (Luc Picard), un chef de syndicat déchu qui a dû s’exiler dans le Grand Nord.

En voulant s’ouvrir sur le monde extérieur, elle se liera d’amitié avec Steve (Pierre-Luc Brillant), un homme plus vieux qu’elle qui vit dans le sous-sol de la maison de sa mère et qui gagne sa vie en donnant des cours de guitare.

CHANGEMENT DE TON

Si on reconnaît ici et là certains thèmes souvent abordés dans le cinéma de Sébastien Pilote – comme la relation père-fille et les répercussi­ons des fermetures d’usines en région –, La disparitio­n des lucioles marque un changement de ton important par rapport aux deux premiers (et excellents) longs métrages du cinéaste, Le vendeur et Le démantèlem­ent. Même si Pilote se défend d’avoir voulu réaliser un film de style « coming of age » (sur le passage de l’adolescenc­e à l’âge adulte), son troisième long métrage joue clairement dans les platebande­s de certains films du genre comme Juno ou plus récemment Lady Bird. Et, ce faisant, le cinéaste originaire du Saguenay signe une comédie dramatique rafraîchis­sante et subtile, qui navigue habilement entre humour et drame, et qui revisite de façon ludique et poétique certains codes du cinéma populaire.

Pilote s’est aussi amusé avec la trame sonore de son film qui mise autant sur une musique originale un peu trop appuyée que sur une succession de chansons rock, de Rush à Arcade Fire en passant par Voivod et WD-40.

Au coeur du film, la jeune actrice Karelle Tremblay prouve une fois de plus son immense talent en apportant tout son charisme, sa fraîcheur et sa spontanéit­é au personnage de Léo. À ses côtés, Pierre-Luc Brillant réussit à donner beaucoup d’humanité à un rôle qui aurait facilement pu tomber dans la caricature.

Bien joué, écrit et réalisé avec finesse et sensibilit­é, La disparitio­n

des lucioles s’avère donc un film charmant qui se laisse regarder avec bonheur, sans toutefois réussir à émouvoir autant que les oeuvres précédente­s de Pilote.

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