Le Journal de Quebec - Weekend

C’EST LA VIE QUI L’EMPORTE

- MARIE-FRANCE BORNAIS

Après la trilogie Zweig, Einstein et Romain Gary, le médecin et écrivain français Laurent Seksik raconte dans Un fils obéissant l’histoire particuliè­re qui l’unit à son père, un homme bienveilla­nt, mais exigeant, qui lui a transmis de nombreuses valeurs et, sans doute, la vocation d’écrivain.

Laurent Seksik considère que le sujet de ce roman s’est imposé à lui, d’une manière à la fois naturelle et dramatique. « Le mot est fort, mais la mort d’un père, pour n’importe quel individu, est de l’ordre du tremblemen­t de terre. La mort d’une mère aussi. Et cette histoire essaie de restituer l’aventure commune entre mon père et moi », ditil, en entrevue.

L’écrivain décrit aussi, avec beaucoup de sincérité et des touches d’humour irrésistib­les, comment son père a été à l’origine de sa vocation d’écrivain, ou « comment il avait la vocation d’avoir un fils écrivain. Un fils obéissant, c’est à la fois comment on perd son père et comment l’on devient écrivain. Comment se construit un homme ».

L’écriture est à fleur de peau. « Ça paraît triste, parce que c’est l’histoire d’un écrivain qui va sur la tombe de son père, un an après sa mort. En même temps, cette longue année d’écriture de ce roman a été jubilatoir­e, parce qu’il m’a permis de revivre une partie des souvenirs heureux qui m’avaient construit en tant qu’homme, et que j’avais pu partager avec mon père. »

L’histoire extraordin­aire de l’oncle Jacob qu’il raconte dans le roman est vraie – son oncle avait inventé la jacobine, une eau gazeuse miraculeus­e censée rivaliser avec Coca-Cola. « C’est une vaste épopée qui traverse le siècle, une histoire que m’a racontée mon père et qui est à la base de ma vocation d’écrivain. »

DEVENIR MÉDECIN

Laurent Seksik partage aussi, dans son roman, la pesanteur et la difficulté de son parcours pour devenir médecin. « Ces pages sur la médecine étaient essentiell­es parce qu’elles pouvaient montrer une autre facette de la médecine, du rapport de l’homme à la médecine », ajoute-t-il.

« Pour moi, c’était important d’expliquer comment on se construit en tant qu’homme, à travers des errements, des errances, avec une quête et la volonté de toucher à une vocation artistique. C’est l’histoire d’une vocation, en réalité, ce roman. Quelles sont les affres et les splendeurs d’une vocation d’écrivain ? Et elle passait par cette expérience d’être médecin, même si elle n’était finalement pas si radieuse. »

Le passage du rire aux larmes qu’on expériment­e en cours de lecture peut être une traduction de la vie... et de la vie qui l’emporte, ajoute-t-il. « La leçon que j’ai tirée de ce livre, c’est comment surmonter un deuil, comment passer outre la perte d’un des êtres les plus chers, et comment cette perte peut aussi vous faire grandir. »

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Laurent Seksik Éditions Flammarion, 250 pages. UN FILS OBÉISSANT

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