Le Journal de Quebec - Weekend
PRENDRE SON ENVOL
Dix ans après avoir conquis des milliers de jeunes lecteurs avec sa série Au-delà de l’univers, la talentueuse Alexandra Larochelle ancre solidement sa carrière d’auteure avec la sortie d’un troisième roman pour adultes, Des papillons pis des fins du mond
La plume d’Alexandra, auteure jeunesse vedette dès l’âge de 12 ans, s’affirme à travers ce livre très humoristique parlant du quotidien des jeunes adultes. Le ton, savoureux et truffé d’expressions que les jeunes vont reconnaître, correspond à la génération d’Alexandra, qui a maintenant 25 ans.
« J’avais beaucoup d’idées. Je voulais parler d’émancipation, de prendre son envol. Ce sont des choses que j’ai vécues quand même assez récemment et je pense que, sans dire que c’est de l’autofiction, on écrit toujours sur ce qu’on connaît », commente-t-elle, en entrevue.
Frédégonde, son héroïne, quitte sa ville natale pour aller étudier à Montréal. Elle doit trouver son premier appartement, gérer des colocs étranges et traverser la frénésie des initiations, tout en vivant des relations amoureuses qui ont des hauts et des bas.
« Ça fait trois ans que je suis partie de chez mes parents. Ce que Frédégonde vit comme tel, à l’Université à Montréal, je n’ai pas connu ça, parce que je suis toujours restée à Québec. Ce sont des sujets qui me touchent directement : j’ai fini l’université il y a trois ans, je suis partie de chez mes parents. Et j’ai eu beaucoup d’amis qui sont partis pour de bon et qui sont allés s’établir ailleurs au Canada ou dans le monde. Cette notion de départ et d’émancipation, c’est quelque chose qui me rejoint. »
RYTHME RAPIDE
L’écriture, très fluide, et le rythme rapide reflètent le débit rapide de la voix d’Alexandra et ses bouquets d’idées. Il y a des moments très drôles... et d’autres très touchants. « Ce livre m’a quand même bouleversée parce que j’abordais des thèmes sensibles : la rupture, la mort. Ça m’a fait vivre des émotions auxquelles je ne m’attendais pas, en l’écrivant. Mais je pense que ça a été bon – un peu thérapeutique en quelque sorte. » Elle a adoré écrire ce livre où les petits papillons intérieurs de Frédégonde virevoltent et stressent, au gré des émotions de l’héroïne. « Une fois que j’ai mis le point final, j’étais un peu virée à l’envers. Ce livre est venu me chercher et j’ai juste hâte de revivre des émotions comme celleslà, en écrivant un autre livre. »
BIEN DU CHEMIN PARCOURU
Alexandra considère qu’elle a parcouru beaucoup de chemin depuis qu’elle a cessé d’écrire des romans jeunesse, quand elle avait 14 ans. « Je pensais prendre une pause d’un an avant de m’y remettre et finalement, cette pause a duré huit ans. Ç’a été bénéfique parce que ça m’a permis de vivre toutes les premières fois que j’aborde dans la série des papillons : les premiers partys, les premiers chums, les premiers baisers. Ce sont des choses importantes à vivre. Et ça a été une période riche en inspiration, sans même que je m’en rende compte. »
LE TON JUSTE
Trouver le ton juste et la voix n’a pas été difficile. « Comme le personnage, c’est vraiment moi, je n’ai pas eu à chercher très loin. Je n’ai pas inventé un personnage, une voix, je suis allée comment moi, je le ressentais, comment moi je l’aurais dit et vécu, si cette situation m’était arrivée. C’est vraiment inspiré de moi. Cette voix, c’est la mienne, finalement. »
ALEXANDRA LAROCHELLE