Le Journal de Quebec - Weekend

INVASION GASPÉSIENN­E

- CÉDRIC BÉLANGER Le Journal de Québec cedric.belanger @quebecorme­dia.com

Si une tendance maintenant bien implantée depuis 2013 se maintient, un artiste gaspésien repartira du Gala de l’ADISQ, dimanche soir, avec un Félix dans les mains. Paradis des touristes depuis toujours, la Gaspésie est devenue ces dernières années un important exportateu­r de chanteurs populaires qui empilent les trophées.

Ce n’est pas d’hier que les Gaspésiens s’illustrent à l’ADISQ. Dans les années 1990, Laurence Jalbert et Kevin Parent ont connu des périodes glorieuses. Isabelle Boulay a aussi gagné des Félix. Beaucoup de Félix. Elle en compte 17, à égalité au troisième rang avec Ginette Reno au palmarès des plus « félixisés ».

Or, la vague gaspésienn­e a pris encore plus d’ampleur depuis qu’une horde de jeunes artistes à la griffe affirmée a rejoint ces vétérans et s’est mise à accumuler les récompense­s. La Gaspésie est d’ailleurs sur une séquence de cinq galas de l’ADISQ consécutif­s avec au moins un trophée.

Tout a commencé avec Les Soeurs Boulay (5 Félix depuis 2013). Puis, il y a eu Patrice Michaud et son doublé de l’an dernier (chanson et interprète masculin). Et puis Klô Pelgag. Et Marie-Pierre Arthur. Sans oublier Isabelle Boulay, qui n’est jamais bien loin. Tous vainqueurs au moins une fois depuis 2013.

Cette année, ils sont six à battre pavillon gaspésien et à se partager 14 citations. Isabelle Boulay y est cinq fois, Michaud espère récidiver avec trois chances, Les Soeurs Boulay et Klô Pelgag ont chacune deux nomination­s. Il y a aussi Julie Daraiche et le groupe Suroit qui en ont une.

Au moment où vous lirez ces lignes, c’est peut-être déjà réglé puisque les premiers Félix ont été remis au Premier Gala, qui avait lieu mercredi soir.

« C’est étonnant de constater qu’il y a autant d’artistes de la Gaspésie qui ressortent dans ce marché qui n’est pas facile parce qu’il y a beaucoup d’appelés pour peu d’élus », constate Patrice Michaud, un gars de Cap-Chat.

LE FAIRE AU LIEU DE LE REGARDER

Mais qu’y a-t-il donc dans l’eau de la Gaspésie pour que la péninsule soit, à n’en point douter, l’une des régions qui compte le plus de gagnants de Félix per

capita au Québec ? Après avoir longuement réfléchi à la question, Patrice Michaud tente une réponse fondée sur la faible densité de la population de sa région natale.

« Comme il n’y a pas énormément de monde, on n’a pas accès facilement à des divertisse­ments culturels variés. Ce ne sont pas tous les artistes qui vont venir se produire chez nous. Il y a beaucoup de villages où aucun grand représenta­nt de la musique ne vient faire son tour. Ce qui fait que, la plupart du temps et depuis longtemps, on a tendance à “faire” plutôt qu’à “assister à” », propose-t-il en guise d’explicatio­n.

« NOUS AUSSI, ON PEUT »

Ainsi, en empoignant leurs guitares au lieu de regarder les autres le faire, les Gaspésiens ont créé ce bassin d’artistes qui a envahi les scènes du Québec avec ce sentiment, profondéme­nt gravé dans le coeur de tous ceux qui vivent dans cette région qui ne l’a jamais eu facile, que « nous autres aussi, on peut », dixit Michaud.

Sans surprise, le succès des artistes gaspésiens répand une immense dose de fierté dans les chaumières de Matane à Percé, observe celui qui est en lice pour la chanson de l’année avec La saison des pluies.

« C’est comme dans le sport, les gens sont fiers des personnali­tés qui se distinguen­t. C’est le fun pour moi de sentir tout l’amour et l’appui qu’il y a derrière ça. »

Ce sentiment d’appartenan­ce se glisse même dans la réponse que Patrice Michaud donne lorsqu’on lui demande quel est son plus vieux souvenir du Gala de l’ADISQ.

« Je me rappelle quand Kathleen a gagné son Félix (l’interprète de Ça va bien avait remporté le Félix révélation de l’année en 1992), parce que c’était une fille de mon village qui était sortie de Cap-Chat et avait eu son heure de gloire auprès du grand public. »

Vingt-six ans plus tard, l’heure de gloire de Kathleen est passée depuis belle lurette, mais la Gaspésie continue de briller.

Animé par Louis-José Houde, le 40e Gala de l’ADISQ sera diffusé à 20 h, dimanche, à Ici Radio-Canada Télé.

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PHOTO D’ARCHIVES AGENCE QMI, TOMA ICZKOVITS
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