Le Journal de Quebec - Weekend
LA SEXUALITÉ AU FÉMININ
Un an après la naissance du mouvement #MoiAussi, la cinéaste Renée Beaulieu s’aventure en terrain miné en abordant dans son nouveau film le sujet encore tabou du désir féminin et en s’intéressant aux questionnements d’une mère de famille qui n’hésite pas à satisfaire ses pulsions sexuelles avec plusieurs amants.
En écrivant le scénario de son second long métrage, Les salopes ou le sucre naturel de la peau, la réalisatrice Renée Beaulieu ( Le garagiste) savait très bien qu’il susciterait de fortes réactions. Mais elle était loin de se douter que certains des thèmes abordés dans son film (comme la sexualité féminine, le consentement ou la fidélité) prendraient un tout autre sens dans la foulée de la vague de dénonciations d’abus sexuels #MoiAussi de l’automne dernier. « Il y avait quelque chose par rapport à la sexualité, aux femmes, à la fidélité et au couple qui m’interpellait et que j’avais envie de questionner », observe Renée Beaulieu, en entrevue au Journal.
« Je trouve qu’on a encore la tête dans le sable par rapport à beaucoup de choses comme la sexualité des adolescentes, le couple, la fidélité. Tout cela était très bouillonnant chez moi et j’avais envie de rentrer là-dedans. »
À CONTREPOINT
Tourné avec un petit budget (environ 1 M$), Les salopes ou le sucre naturel de la peau met en scène le personnage de Marie-Claire (Brigitte Poupart), une femme dans la quarantaine, mère de famille, qui travaille comme chercheuse en dermatologie dans une université. Malgré le fait qu’elle soit heureuse avec son mari (Vincent Leclerc), Marie-Claire accumule les amants et les relations sexuelles extra-conjugales. Une histoire de scandale sexuel qui éclate dans son université la poussera à réfléchir sur son couple.
« #MoiAussi est un angle à partir duquel on peut parler du film, mais ce n’est pas le seul, insiste la cinéaste. Il y a des gens qui accrochent avec cet angle. Personnellement, je m’attendais à recevoir quelques coups de pelle par rapport à cela, mais ça n’a pas été le cas. Je sais que c’est très délicat d’aborder cette question avec tout ce qui s’est passé avec #MoiAussi. Mais le film était déjà à contrepoint par le fait qu’on parle d’une femme qui ne soit pas objet, mais plutôt sujet. »
SE METTRE À NU
Renée Beaulieu a tenu à tourner beaucoup de scènes de sexe et surtout à les filmer de façon directe, sans une once de romantisme. Pour ce faire, elle devait trouver une actrice qui serait prête à se dénuder dans une grande partie du film, à jouer le jeu sans compromis. Après avoir travaillé avec une première actrice qui s’est finalement désistée, son choix s’est arrêté sur Brigitte Poupart.
« Avec #MoiAussi, je sentais qu’il fallait que ce film-là se fasse maintenant. Si tu le fais deux ans avant, les gens se demandent d’où ça sort. Et si tu le fais deux ans plus tard, les gens pensent que tu as profité de l’actualité. Personnellement, je sentais qu’il fallait en parler et amener la discussion sur ce sujet-là. »
Les salopes ou le sucre naturel de la peau prend l’affiche le 2 novembre.