Le Journal de Quebec - Weekend
L’HISTOIRE VRAIE D’UNE OEUVRE MAGISTRALE
Fascinée par la grande beauté du
Paradis, une oeuvre monumentale qui trône dans le palais des Doges de Venise, l’écrivaine corse Clélia Renucci a décidé de raconter l’histoire vraie, et extrêmement romanesque, de cette toile de maître dans son premier roman, Concours pour le Paradis.
Avec une plume remarquable, Clélia Renucci fait revivre les rivalités artistiques, les déchirements religieux, les revirements politiques et toute une époque dans son roman.
Il débute en 1577 par une tragédie, l’incendie du palais des Doges et la destruction de la fameuse fresque du Paradis. Pour la remplacer, le doge annonce qu’un grand concours sera organisé pour une immense toile, symbole de la toute-puissance de Venise.
« VIE ROMANESQUE »
Les plus grands maîtres de la ville sont sollicités : Véronèse, Tintoret, Palma le Jeune, Bassano et Zuccaro. Qui sera choisi ? Dans quelles circonstances ? Clélia Renucci fait revivre cet épisode incroyable de l’histoire de l’art, avec les gondoles, les canaux et les splendeurs de Venise en toile de fond.
Jointe à Venise, où elle faisait une nouvelle visite, Clélia Renucci dit qu’elle n’a rien eu à inventer, même les personnages ! « J’en ai à peine rajouté... Les personnages sont des héros de roman, avant même que j’aie écrit quoi que ce soit. Leur vie était romanesque », explique-t-elle.
VOYAGE À VENISE
L’écrivaine précise qu’elle n’est pas du tout spécialiste en histoire de l’art, même si elle aime beaucoup la peinture, et que l’histoire est née lors d’un voyage à Venise avec son amoureux, il y a huit ans.
« On a visité comme tout le monde le palais des Doges. J’entre dans la salle du Grand Conseil, je me dis, mais qu’estce que c’est que cette immense toile? C’est là que j’ai vu une pancarte, où on avait écrit : Concours pour le Paradis. Ça m’a amusé, ces mots mis ensemble. Et j’ai découvert l’histoire du concours. »
Six ans plus tard, elle a écrit le livre. Elle a beaucoup aimé mettre en évidence le contraste entre deux grands maîtres, Véronèse et Tintoret, en racontant cette histoire. « À l’époque où ils vivaient, il y a des gens qui ont écrit leur biographie. On connaît beaucoup de choses sur eux et ce qu’on dit est vrai, Véronèse est bien un séducteur mondain, amateur de femmes et capable de traits de génie », dit-elle.
« Tintoret est bien ce personnage travailleur, rancunier, plein de rage, qui ne veut qu’une seule chose, c’est faire vivre sa famille et peindre le plus possible pour Venise. Je les aime tous les deux, chacun à leur manière. »
Chacun a fait école, chacun est considéré comme un grand maître. « J’ai pu découvrir les fils de Tintoret, la fille de Tintoret et ce personnage de Bassano, cet autre peintre qu’on connaît moins bien, mais qui est très intéressant, avec son destin tragique. »
En écrivant, elle avait un plan de Venise sous les yeux, toutes les esquisses que les peintres ont proposées, les portraits des peintres, des portraits de femmes. « Je me suis vraiment immergée dans cet univers pour essayer de le faire vivre. »
Clélia Renucci est enseignante et doctorante en littérature française.
Elle vit à New York.
Concours pour le Paradis est son premier roman.