Le Journal de Quebec - Weekend

LE RETOUR DE LISBETH SALANDER

Héroïne de la saga romanesque Millénium, Lisbeth Salander a été incarnée par Noomi Rapace puis par Rooney Mara. Aujourd’hui, la femme aux tatouages a le visage de Claire Foy (Elizabeth dans The Crown). Fede Alvarez, le réalisateu­r de ce nouveau volet, dé

- ISABELLE HONTEBEYRI­E

Cinéaste de L’opéra de la terreur (2013) et de Ne respire pas (2016), Fede Alvarez ne voit rien d’étonnant à mettre son nom au générique d’un drame d’action.

« Je ne me restreins pas à un seul genre. Pour moi, le métier de réalisateu­r transcende les genres et Ce qui ne me

tue pas s’est produit dans le cadre d’une évolution naturelle. Mon dernier film,

Ne respire pas, était plus un suspense que de l’horreur. De plus, les romans de la saga Millénium possèdent un ton similaire à celui de mes films. Ils sont sombres, un peu pervers et il y a de l’action », indique-t-il.

LA FEMME AU COEUR DE L’ACTION

L’Uruguayen a mis la main au scénario de Ce qui ne me tue pas. Lisbeth Salander s’occupe désormais de venger les femmes victimes de violences masculines. Elle est également pourchassé­e par des tueurs agissant sur ordre d’une femme et est mêlée à une affaire d’espionnage.

« Je voulais qu’elle soit au centre de tout, souligne Fede Alvarez. Contrairem­ent aux romans, ce n’est pas Mikael Blomkvist le personnage principal. Je ne voulais pas que ce soit un homme qui fasse tout. »

Dans Ce qui ne me tue pas, le journalist­e Mikael Blomkvist (Sverrir Gudnason) n’est que très secondaire.

« Les amateurs de la trilogie de romans seront peut-être mécontents, mais voyez la chose comme suit. Nous avons mis Blomkvist dans la même position que celle que Hollywood donne aux covedettes féminines, c’est-à-dire d’être la demoiselle en détresse. Même si l’actrice est une star, personne ne dit rien. Mais quand on fait ça à un homme, tout le monde hurle! »

Le choix de Claire Foy, révélée au grand public par son interpréta­tion d’Elizabeth II dans la série The Crown de Netflix, peut surprendre les cinéphiles qui ont encore en tête Noomi Rapace, la première Lisbeth, de qui s’était inspirée Rooney Mara.

« Deux choses m’ont frappé chez Claire. La première, elle possède un don qu’ont très peu d’acteurs, cette habileté de jouer d’une manière qui montre au public ses vraies émotions, comme une scène dans laquelle elle est forte, mais où ses yeux disent qu’elle est terrifiée. Et pour un personnage comme Lisbeth et même pour la reine, c’est crucial. »

« Ensuite, en tant que personne, elle est tellement passionnée et forte qu’elle ressemble beaucoup à Lisbeth. C’est un élément extrêmemen­t important dans la mesure où l’acteur devient le gardien de son personnage. »

COMME UN OPÉRA

Contrairem­ent à bon nombre de ses confrères, Fede Alvarez ne sent jamais le besoin de dire à ses acteurs quoi faire précisémen­t. « Par contre, je dis à tout le reste du monde quoi faire », plaisante-t-il.

Plus sérieuseme­nt, il ajoute que « je m’attends à ce qu’elle [Claire Foy] réagisse en fonction du reste. Par exemple, je peux aller voir sa covedette et lui demander de changer une réplique sans le dire à Claire. Et là, je peux capter sa réaction spontanée, sincère. J’établis les règles, l’environnem­ent précis et je la laisse me surprendre. Les meilleurs acteurs ont toujours, aussi, un avis très défini sur la manière de jouer une scène. Et un réalisateu­r intelligen­t les laissera faire. »

Plusieurs scènes d’action intenses ponctuent ce long métrage.

« Même dans mes films précédents, faits avec de petits budgets, je voulais toujours faire dans le grandiose, donner un sentiment d’extravagan­ce. C’est ce que j’essaye à chaque fois. Dans mon premier film, la dernière scène est énorme, on y voit la bataille entre le Bien et le Mal qui s’illustre par un déluge de sang. Nous l’avons tournée dans les bois et avons fait couler de la peinture rouge partout », détaille-t-il.

« J’aime tirer le maximum de jus des techniques de Hollywood. Je suis comme ça et c’est la manière dont j’aime présenter visuelleme­nt mes histoires. J’aime raconter des choses en images. C’est pour cette raison que je m’attache à tourner mes films de manière à ce qu’on puisse les comprendre si on coupe le son »

« Les films que je réalise ne sont jamais des films à dialogues. C’est peutêtre parce que je suis Uruguayen et que j’essaye de faire des films internatio­naux qui ne dépendent pas de nuances de langage. »

Ce qui ne me tue pas déboule dans les salles de cinéma de la province dès le 9 novembre.

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