Le Journal de Quebec - Weekend

LES TRIBULATIO­NS d’une jeune sexagénair­e

- RAPHAEL GENDRON-MARTIN Le Journal de Montréal raphael.gendron-martin @quebecorme­dia.com

La reine de l’humour est de retour. Sept ans après le lancement de son spectacle précédent, Lise Dion revient avec une nouvelle propositio­n solo, Chu rendue là, qui aborde notamment son passage à la soixantain­e et son célibat depuis plusieurs années. Le Journal a rencontré la comique, toujours très attendue du public et ayant déjà écoulé 100 000 billets de cette tournée qui vient à peine de s’amorcer.

Lise Dion a réussi pour la troisième fois de sa carrière à vendre 100 000 billets avant sa première médiatique. « Mais la différence, c’est que toutes les fois que ça arrive, il yaà peu près 25 % plus d’humoristes, précise son gérant et producteur, Daniel Senneville. De le faire aujourd’hui, dans le contexte qu’on connaît, c’est phénoménal. »

« C’est comme une grande marque de confiance », mentionne l’humoriste de 63 ans. Lise Dion a franchi le million de billets vendus il y a quelques années. Et le succès ne semble pas sur le point de s’estomper.

Son nouveau spectacle, qu’elle a écrit avec José Gaudet, Dominic Sillon (Dominic et Martin) et Ève Côté (Les Grandes Crues), en compagnie de Josée Fortier à la mise en scène, Lise Dion le décrit comme étant « plus intime, plus dense ».

« Je parle de mon âge et des effets secondaire­s de la soixantain­e, dit-elle. Mais je ne veux pas que les gens pensent que c’est un spectacle pour le monde de 60 ans. »

Pour preuve, au moment de notre rencontre, l’humoriste disait avoir vu beaucoup de trentenair­es dans les salles au cours des 36 spectacles de rodage qu’elle a faits ces derniers mois. PEUR D’ÊTRE HAS BEEN

Lise Dion n’a pas peur des « jeunes » et elle serait même prête à aller jouer au populaire Bordel Comédie Club, un endroit réputé pour effrayer certains humoristes chevronnés. « Je n’ai pas eu le temps d’y aller, explique-t-elle. J’avais des petits gags crus que j’aurais pu faire là. En même temps, j’ai peur d’être has been si j’y vais. C’est sûr que c’est épeurant. »

Au cours de son rodage, Lise Dion est tout de même allée faire quelques soirées d’humour à Sainte-Martine et Saint-Jérôme, aux côtés d’humoristes de la relève. « J’avais l’impression d’être 20 ans en arrière. Je parlais au monde comme si je n’avais jamais arrêté de faire des bars. J’étais surprise moi-même d’être aussi à l’aise. »

Après près de 30 ans de carrière, Lise Dion mentionne ne pas s’être assise sur ses lauriers et avoir travaillé très fort pour ce nouveau spectacle. « J’aimerais ça que ce ne soit pas juste : “Ah ben, c’est du Lise Dion”, dit-elle. J’ai travaillé plus fort que ça. J’ai regardé beaucoup de stand-up américaine­s, comme Amy Schumer et Ali Wong, et je n’ai rien à leur envier. »

Le titre Chu rendue là parle de la patience que l’humoriste a perdue avec les années. « T’arrêtes plus de te battre pour ce que tu ne peux pas régler, dit-elle. À 60 ans, tu dis : battez-vous, moi je vais aller prendre un café. T’as plus le goût d’embarquer dans de gros conflits. » PAS DE NUMÉRO CONTROVERS­É Ce nouveau spectacle, qu’elle livre sous le mode de la confidence, comprend notamment un personnage de coiffeuse. « C’est la première fois que je fais un personnage, dit-elle. Ça me permet de parler de plein de choses d’une autre façon. Elle parle de politique, de Trump, de Kim Jong-un – elle l’appelle Houle –, et elle le fait toujours par rapport aux cheveux. » Dans son spectacle précédent, Le

temps qui court, Lise Dion présentait un numéro sur une femme afghane en burka. Elle avait toute- fois retiré ce segment après l’attentat de Charlie Hebdo. Cette fois-ci, dans Chu rendue là, on ne retrouve pas de numéro controvers­é.

« Il y a un numéro qu’on voulait faire, avec des accents, dit-elle. Mais ce n’est plus possible, dans ces années-ci. »

« Lise est vraiment bonne pour faire des accents, ajoute Daniel Senneville. [...] Les propos n’étaient pas choquants. Mais ça aurait ouvert une certaine porte à des critiques négatives. » SON DERNIER SPECTACLE ?

Puisqu’elle lance un nouveau spectacle tous les sept ou huit ans, cela voudra dire que Lise Dion aura 70 ans pour son futur nouveau spectacle. Se voit-elle retourner sur les planches à cet âge-là, ou bien

Chu rendue là est-il son dernier tour de piste ?

« Je n’ose pas dire que ça se peut que ce soit le dernier, dit-elle. Je ne veux pas faire comme Dominique Michel. Mais quand je vais dire que c’est fini, ça va être fini. Je ne sais pas dans quel état je vais être. Je vais attendre pour voir la santé avant. Mais ça me surprendra­it qu’à 70 ans, j’écrive un autre show. Je travaille depuis l’âge de 13 ans. Ça fait 50 ans que je travaille. Si j’avais été pour la même compagnie, ça ferait longtemps que j’aurais ma montre en or! » Lise Dion fera la rentrée montréalai­se de Chu rendue là les 14, 16 et 17 novembre, au Théâtre Saint-Denis. Elle y retournera les 14 et 15 décembre, ainsi que les 5 et 6 avril 2019. À Québec, elle sera à la Salle Albert-Rousseau du 6 au 8 décembre. Elle y retournera du 21 au 23 mars, du 13 au 15 juin et du 3 au 5 octobre 2019. Pour toutes les dates : lisedion.com.

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