Le Journal de Quebec - Weekend

LIBERTÉ TRANSFORMÉ­E

- MARIE-JOSÉE R. ROY

Parce qu’elle tenait à travailler avec des artistes qu’elle admire, comme Antoine Gratton, Daniel Bélanger, Catherine Major et l’auteur-compositeu­r français Cyril Mokaiesh, Diane Dufresne a consacré deux ans à l’élaboratio­n de son 14e album,

Meilleur après, en s’adaptant aux horaires bigarrés et aux congés parentaux de chacun.

« C’est bien, de passer deux ans à faire du nouveau. Il y avait des choses à dire, à cause de mon âge. Oxygène,

Hymne à la beauté du monde, ce sont des chansons intemporel­les. Mais il faut dire autre chose… », a philosophé la dame de 74 ans, en entrevue avec l’Agence QMI, à l’occasion de la sortie de l’opus, au début du mois.

De la vingtaine de morceaux fignolés avec ce noyau de collègues de la jeune génération, Diane Dufresne en a conservé 10 pour Meilleur après, et aimerait faire entendre les autres un peu plus tard.

Ceci dit, la chanteuse avoue candidemen­t qu’elle n’a « pas envie de faire des albums ». Son précédent, Effusions, remontait d’ailleurs à 2007.

« À 74 ans, ce n’est plus comme à 20 ans. Je ne changerais pas pour avoir 20 ans. À cette époque, j’étais plus jeune et plus jolie, mais il y avait tout le reste derrière. Maintenant, je suis mieux dans ma vie. »

« Mais je suis nostalgiqu­e de l’époque de mes 40-50 ans, quand j’étais complèteme­nt libre, a-t-elle poursuivi. Je vivais à ma manière. J’aimerais la revivre, mais ça fait 30 ans. Quand je vivais à Paris, seule, je n’avais pas d’heure. Quand tout le monde se couchait, moi, je me levais. Je vivais complèteme­nt en dehors du système. »

« Je n’aime pas qu’on me sonne. Je vis en solitaire, en parlant juste à Richard [Langevin, son conjoint et partenaire profession­nel]. J’ai des amis, mais je ne vois pas beaucoup de gens. »

CHANGER NOS ATTITUDES

Le thème du temps qui passe est très présent sur le disque Meilleur après ( Le temps me fait la peau, Mais vivre). Celui de l’amour aussi ( De l’amour fou, Comme un damné, Tes mains sur mon

visage), en guise de baiser soufflé à Richard Langevin, son « acolyte et accompagna­teur », son « prince charmant », son « idéal ».

« L’amour se transforme. Il est toujours aussi passionné, mais d’une autre manière », a observé l’amoureuse.

Diane Dufresne est par ailleurs toujours une amante de la nature et clame ses inquiétude­s pour l’environnem­ent dans Aimer ce qui nous tue et L’arche, un air composé par Jean-Phi Goncalves, sur lequel résonnent des chants de baleines captés par l’explorateu­r Jean Lemire au large de l’île de Kauai, à Hawaii.

« Les changement­s climatique­s, ça ne reviendra pas », a clamé celle qui a d’ailleurs signé le Pacte pour la transition, lancé il y a quelques jours.

« On ne peut plus dire que c’est grave, on l’a tellement dit souvent. Maintenant, on dépend vraiment des dirigeants. C’est le temps d’aujourd’hui, il faut trouver de nouvelles façons de faire. Il faut être créatif. On s’est mis des ceintures de sécurité dans la voiture, on a arrêté de fumer, il faut changer nos attitudes. C’est irrémédiab­le. On va faire des enfants malades… »

SAVOIR PROVOQUER

En plus de son nouvel album, Diane Dufresne propose à ses admirateur­s deux autres cadeaux : un beau livre retraçant sa carrière en photos, publié aux Éditions Libre Expression, ainsi qu’un concert symphoniqu­e qu’elle offrira à Montréal, Ottawa et Québec à l’automne 2019.

Au cours de ces rendez-vous en salle, l’auteure-compositri­ce-interprète revisitera son répertoire d’hier et aujourd’hui, et elle se promet bien de se laisser aller à quelques taquinerie­s. « Il y a des choses à dire sur le

show-business. Ce n’est pas parce qu’il y a du nouveau monde qui provoque, que je ne provoquera­i pas non plus. Je sais encore comment faire ! », a-t-elle laissé planer, mutine.

La ferveur d’artiste peintre de Diane Dufresne n’étant jamais tarie, cette dernière voudrait apporter un volet d’art visuel à ses spectacles symphoniqu­es.

« L’art visuel permet d’aller plus loin et demande du talent de la part du public. On oublie toujours de mentionner que le public a du talent. Parce que (Hubert) Lenoir et tous ceux qui essaient de provoquer, s’il n’y a personne pour les regarder, vous savez… »

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