Le Journal de Quebec - Weekend

PLONGEON RÉUSSI

- MAXIME DEMERS Le Journal de Montréal maxime.demers @quebecorme­dia.com

En réalisant un film sur un groupe d’hommes quadragéna­ires maganés par la vie qui s’adonnent à la nage synchronis­ée, l’acteur et cinéaste français Gilles Lellouche était loin de se douter qu’il toucherait le public en plein coeur. C’est pourtant ce qu’il a réussi à faire avec sa comédie dramatique Le Grand Bain, qui connaît actuelleme­nt un succès phénoménal en France.

Sorti sur les écrans français le 24 octobre dernier, Le Grand Bain a en effet attiré plus de 2,5 millions de spectateur­s dans les salles de l’Hexagone après seulement deux semaines à l’affiche. De passage à Montréal cette semaine pour présenter le film au Festival Cinemania, l’acteur Gilles Lellouche – qui signe ici un long métrage à titre de réalisateu­r – a admis que ce succès monstre l’avait lui-même pris par surprise.

« C’est sûr que c’est le genre de chose qu’on ne peut pas prévoir », a confié l’artiste de 46 ans, en entrevue au Journal.

« Je ne pouvais pas m’y attendre et je vous avoue que je ne suis pas sûr de réaliser complèteme­nt ce qui se passe en ce moment. C’est un peu abstrait. Je reçois des témoignage­s de gens sur les réseaux sociaux qui me

disent que le film les a rendus joyeux, qu’ils repartent avec le sourire et que ça leur donne de l’espoir. Déjà ça, pour moi, c’est un énorme compliment. »

Le Grand Bain raconte l’histoire de sept hommes frappés de plein fouet par la crise de la cinquantai­ne. Âgés de 40 à 50 ans, ils doivent chacun composer avec des problèmes de dépression, de chômage ou de séparation, qui les ont poussés à se remettre en question.

Contre toute attente, c’est en s’entraînant avec une équipe amateure de nage synchronis­ée masculine qu’ils retrouvero­nt tous un sens à leur vie.

LES VERTUS DU SPORT AMATEUR

C’est le climat maussade et anxiogène qui règne en France depuis quelques années qui a incité Gilles Lellouche à écrire un film sur la crise existentie­lle qui frappe les hommes à l’aube de la cinquantai­ne.

« J’ai constaté une petite mélancolie en France depuis quelques années, observe-t-il. Je voyais des gens en perte d’espoir et en perte de vitesse. C’est dû à l’époque dans laquelle on vit, mais aussi au fait que quand vous êtes un homme de 40 ou 50 ans aujourd’hui et que vous n’avez pas totalement réussi à faire ce que vous vouliez faire dans la vie ou que vous n’avez pas la dernière Mercedes ou le plus récent iPhone, vous êtes considéré comme une merde. On vit dans une période qui n’est pas très joyeuse, où les gens se jugent sur les réseaux sociaux. Ce n’est pas tendre, pas bienveilla­nt. J’avais envie de parler de cela. »

« Mais à côté de cela, j’avais aussi envie de parler des vertus du sport amateur. J’avais envie de parler de ces gens qui, le lundi soir, peuvent partir à 20 km de chez eux en plein mois de janvier pour aller taper dans un ballon. Ils ressentent tous ce besoin de faire l’effort de sortir de chez eux pour aller vers les autres. Et sur un terrain, tout le monde est mélangé. Il n’y a pas de catégorie sociale, pas de hiérarchie, pas de riches ni de pauvres, pas de religion. Tout le monde a un but commun. J’ai choisi de parler de cela à travers un sport qui semblait être le plus représenta­tif pour moi en terme de collectif et dans le but de s’entraider : la natation synchronis­ée. »

UNE DISTRIBUTI­ON DE CHOIX

En tant qu’acteur lui-même, Gilles Lellouche a recruté des comédiens qu’il connaissai­t déjà très bien (dont son bon ami Guillaume Canet), mais aussi certains avec lesquels il souhaitait travailler depuis longtemps comme Jean-Hugues Anglade, Benoit Poelvoorde ou encore le chanteur Philippe Katerine.

Aussi, même s’il a l’âge des personnage­s, l’acteur et réalisateu­r a préféré ne pas se donner de rôle dans son film.

« C’est un film choral, alors j’ai jugé que j’avais déjà énormément de travail à faire en tant que réalisateu­r, explique-t-il. En plus, je ne trouvais pas ça très crédible de diriger mes acteurs en maillot de bain ! (rires) Mais la vraie raison pour moi, c’est que ça me paraissait un peu trop égocentriq­ue de jouer dans le film, en plus de l’avoir écrit et réalisé. »

Le film Le Grand Bain a pris l’affiche hier.

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