Le Journal de Quebec - Weekend
LA BEAUCE À L’HEURE DE LA RÉVOLUTION TRANQUILLE
Le testament de Maggie, dernier titre de la série à succès du journaliste Daniel Lessard, raconte la Beauce des années 1960, vue par son héroïne passionnée et indépendante. L’Irlandaise, souvent bien en avance sur son temps, quitte ce monde en laissant les traces de ses dernières années dans un journal intime, dévoilant du coup bien des secrets.
Né à Saint-Benjamin, en Beauce, le journaliste émérite de Radio-Canada a grandi sur les terres qui servent de décors aux trois premiers romans de la série Maggie et à une partie du quatrième.
Même si elle a vécu dans un milieu rural éloigné des grands centres comme Montréal et Québec, son héroïne n’a pas échappé aux grands bouleversements de la Révolution tranquille.
Daniel Lessard a pris plaisir à faire ressortir les points marquants de cette période qui a bouleversé le Québec, tant du point de vue politique et économique que sur le plan culturel et social.
« C’était des années exceptionnelles au Québec », commente-t-il en entrevue.
« Moi, j’étais au Séminaire Saint- Georges. Je faisais mon cours classique. Quand je suis sorti de là, j’ai fait de la radio privée et je suis arrivé à CKAC juste au début de la crise d’octobre, donc j’ai vécu ça. »
« Je me suis dit : je vais couvrir toute cette période, avec les changements politiques, la musique qu’on écoutait, le cinéma. Il y avait une vie culturelle assez développée, mais on était quand même loin de Montréal et quand tu te mets dans la peau de Maggie, qui est dans le village de Saint-Simon-les-Mines, qui avait à ce moment-là à peu près 350 habitants, elle était loin de l’action! »
BIEN DOCUMENTÉ
Fidèle au personnage qu’il a créé, Daniel Lessard l’a gardée bien branchée sur l’actualité par les journaux.
Les lecteurs vont aussi découvrir qu’un chercheur d’or la courtisait, mais que son coeur appartenait à quelqu’un d’autre.
« Maggie était une femme mi-francophone, mi-anglophone, et ne voulait rien savoir de toutes les aventures séparatistes, mais sa fille était profondément séparatiste. J’ai joué sur tous les tableaux. »
Il a fait de longues recherches pour se documenter, entre autres en examinant de vieux exemplaires des journaux pour avoir le palmarès des chansons les plus populaires, du cinéma, de la littérature.
« C’était la fin des années Duplessis, la Révolution tranquille, la naissance du mouvement séparatiste. J’adore faire ça, je trouve ça ben l’fun ! »
QUITTER LES ORDRES
Daniel Lessard parle aussi de crises de religion, une problématique que Maggie verra de près, pour des raisons de coeur, et parce que sa fille sortira du couvent.
« Dans ma famille, il y avait sept religieuses et six ont décroché avant la fin. Il m’en reste encore une, qui est ma plus fidèle lectrice, mais elle m’en veut après chaque roman. Elle me dit: ah, que t’es dur avec les curés! Il y en avait qui étaient des personnages absolument magnifiques, mais d’autres à qui le pouvoir montait à la tête. » Daniel Lessard est journaliste émérite de Radio-Canada et vétéran de la tribune parlementaire à Ottawa. Il est né à Saint-Benjamin, en Beauce.