Le Journal de Quebec - Weekend

UNE ENSEIGNANT­E QUI A MARQUÉ LE QUÉBEC

Plus de 28 ans après la diffusion des Filles de Caleb, Marina Orsini se fait encore parler « presque tous les jours » de son personnage culte d’Émilie Bordeleau. La maîtresse d’école, le personnage le plus marquant de notre petit écran, a tranché le Journ

- SANDRA GODIN,

« Je vais à l’épicerie et les gens me disent encore des répliques, se rappellent des scènes. Ça a été extrêmemen­t marquant », confie-t-elle. Femme forte qui a élevé dix enfants, malgré un mari qui brillait souvent par son absence, l’institutri­ce a marqué l’imaginaire non seulement des Québécois, mais des Européens également, puisque la série y a été diffusée. « Il y a plein de Français qui m’en parlent encore aujourd’hui. On m’écrit de la Suisse, de la France. C’est phénoménal », souligne la comédienne.

TOURNAGE ÉPROUVANT

Lorsqu’on lui a offert le rôle, Marina Orsini, que le public connaissai­t déjà grâce à Lance et compte, rêvait de jouer une institutri­ce. Elle a souvent confié qu’elle avait joué à la « maîtresse d’école » toute son enfance. Le réalisateu­r Jean Beaudin a déclaré qu’il s’agissait de la seule fois de sa carrièree où il a proposé un rôle directemen­t à une actrice sans pasas- ser d’auditions. « Elle avait du caractère, elle prenait des décisions. Une fille timide, pas sûre d’elle, n’aurait pas pu jouer Émilie comme Marina l’a fait. » Marina Orsini se souvient « des boîtes et des boîtes » de textes qu’elle devait apprendre. Du premier au dernier épisode, son personnage est passé de l’âge de 18 ans jusqu’à la mort, au milieu de la soixantain­e. En 180 jours de tournage sur deux ans, elle a tourné durant les quatre saisons. « Je dis toujours que j’ai connu les plus belles années de la télé au Québec, très certaineme­nt », affirme-t-elle. Marina Orsini n’avait que 23 ans. « En deux ans, on a tous vécu, individuel­lement, toutes sortes de choses, comme des divorces, des décès, des naissances. Mon père est décédé en plein tournage des Filles de Caleb. Ça restera toujours pour moi l’anecdote la plus marquante. Et j’ai continué à tourner. Je me souviendra­i toujours que les producteur­s m’avaient donné le choix d’arrêter ou de continuer. Ça a été extrêmemen­t éprouvant. »

UNE PLUIE D’ÉMILIE

L’histoire d’Émilie Bordeleau a été très librement inspirée de la grand-mère de l’auteure Arlette Cousture, sans en être son histoire exacte. « Ma grand-mère s’appelait Émilie, elle était enseignant­e et elle a marié un Ovila. Ça s’arrête là, précise-t-elle. J’ai écrit ça dans les années 1980, il n’y avait plus de survivants pour me parler de la fin du 19e siècle. » Quel a été l’impact d’Émilie Bordeleau sur le Québec ? Une trâlée de petites filles qui se sont prénommées Émilie, à cause du personnage. « Il y a eu une première vague à la parution du livre en 1985, et une deuxième après la série télé », se souvient l’auteure. « On m’a aussi écrit du Centre de la toponymie du Québec, pour me dire qu’on a baptisé une petite île, dans le Grand Nord du Québec, l’île de la Belle Brume. C’est tellement beau. »

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