Le Journal de Quebec - Weekend
PERDRE SON ANONYMAT EN UNE NUIT
Il avait 25 ans. Roy Dupuis passait incognito lorsqu’il s’asseyait sur les terrasses et observait les gens, pour nourrir ses différents rôles. C’était avant la diffusion du premier épisode des Filles de Caleb.
Soixante minutes sous les traits d’Ovila Pronovost ont suffi pour faire de Roy Dupuis une vedette. « Le lendemain, tout le monde me connaissait. Ça n’avait pas de sens. Je ne pouvais plus m’asseoir sur une terrasse tranquille. C’était impossible. J’ai perdu une grande part de liberté, mais c’est correct, j’ai toujours dealé avec ça », se remémore-t-il. L’étiquette de sex-symbol qui lui a collé à la peau ne lui a pas nui, au contraire. « C’est plutôt l’inverse, précise-t-il. À partir de ce jour-là, j’ai pu passer des auditions. Ça ne m’a jamais empêché de tourner ailleurs. »
UN RENDEZ-VOUS PRESQUE MANQUÉ
Pourtant, Roy Dupuis a bien failli ne pas prendre part au projet. Il a été difficile à convaincre (il raconte même qu’il s’était fait une liste de pour et de contre) puisqu’à l’époque, il s’était déjà engagé à jouer dans une pièce de théâtre à Paris. « J’ai passé l’audition avec mes feuilles dans les mains, se rappelle-t-il. Je n’ai pas mis plus de temps de préparation que ça. Jean Beaudin m’a dit : c’est toi que je veux. Je me souviens qu’il m’avait aussi dit que du théâtre, j’allais pouvoir en refaire. Mais une série comme ça, ça ne passait pas tous les jours. » « On avait vu des centaines d’hommes avant lui, mais je ne m’emballais pas », a dit Jean Beaudin.
CELUI QU’ON AIME HAÏR
Ovila Pronovost n’était pas un homme modèle. Il a laissé sa belle Émilie dans la misère. Mais ce n’était en rien ce qui allait empêcher le public de l’aimer. « Les gens lui pardonnaient. Ça devait être parce qu’il était très beau », lance en riant Arlette Cousture, l’auteure du roman.
« Ovila, c’était comme le gars que toutes les filles aiment haïr, poursuit-elle. Toutes les filles qui m’en parlaient me disaient : moi, si je l’avais connu, je l’aurais changé. Elles voulaient le changer, mais dans leur lit ! »
Roy Dupuis ne pensait pas que la série allait avoir autant de succès. « En regardant les rushs le soir avec Jean Beaudin, je me souviens de m’être dit : c’est trop bon, trop intense, ça ne sera pas populaire. Mais c’est là que je me suis trompé. Le public québécois était plus sensible que je pensais. »
LA FAMEUSE SCÈNE
La scène où un étalon s’accouple avec sa jument restera gravée dans les annales de la télévision québécoise.
« C’était un jeune cheval canadien qui avait trois ans et que j’ai dompté avec un spécialiste. J’allais le voir tous les matins. C’est la première fois que je développais une relation avec un cheval, et c’est vraiment venu me chercher. Je ne pensais pas que ça pouvait être aussi intense. »