Le Journal de Quebec - Weekend
UN BOUQUET DE FLEURS POUR SA FEMME, UN POUR SA MAÎTRESSE
C’était un menteur, un infidèle et un incorrigible coureur de jupons. Tous ces défauts n’ont pourtant pas empêché les Québécois de succomber au charme de l’impayable Jean-Paul Belleau, à la fin des années 1980.
« C’était le gars qui achetait deux bouquets de fleurs identiques : un pour sa femme et un pour sa nouvelle conquête », s’amuse Gilbert Sicotte, qui prêtait ses traits au « vilain » époux de Lucie (jouée par la défunte Louise Rémy).
Né de la plume de la regrettée Lise Payette, qui en a fait la vedette de ses téléromans Des dames
de coeur et Un signe de feu, Jean-Paul Belleau a permis à son interprète, qui jouait alors surtout au théâtre et au cinéma, de sortir de l’ombre.
« Le lendemain des épisodes, on en parlait au bureau et on citait ses lignes », se souvient M. Sicotte.
Jean-Paul Belleau, dit le comédien aujourd’hui âgé de 70 ans, a même changé les habitudes des téléspectateurs mâles de l’époque.
« Il a amené beaucoup d’hommes à s’intéresser à un téléroman avec des thématiques féministes. »
UN ÉCRAN DE PROTECTION
On peine à imaginer le sort qui aurait été réservé à Gilbert Sicotte si son Jean-Paul Belleau avait connu la gloire à l’ère des réseaux sociaux.
Il y a trois décennies, le comédien a pu éviter les débordements, d’abord et avant tout parce qu’il ne ressemblait pas beaucoup à son personnage. Plus vieux que Gilbert Sicotte, Belleau avait un petit bide, portait la moustache, des lunettes et arborait la coupe de cheveux assortie.
« C’était comme un écran de protection. Quand je me promenais, les gens n’étaient pas sûrs, ils se demandaient si c’était bien lui. Je me souviens même qu’ils prenaient des gageures. »
Et qu’est-ce qu’on lui disait une fois le contact établi ? « Ça allait de “Vous êtes terrible, ça n’a pas de bon sens” à des demandes pour des photos. Le public avait une relation amourhaine avec Jean-Paul Belleau. »