Le Journal de Quebec - Weekend

ÉCHAPPER AU SCEAU DE LA MORT

Peut-on échapper à son destin lorsqu’on naît dans une famille où le père est un tueur en série et la soeur commet un meurtre à 14 ans? Est-il possible de fuir un avenir qui s’annonce funeste, surtout lorsqu’on ne ressent aucune douleur ? La talentueus­e Li

- MARIE-FRANCE BORNAIS Le Journal de Québec

Dans ce roman à la structure complexe, Lisa Gardner a choisi de travailler plusieurs sujets qui se croisent au fil des pages. Entre autres, la douleur, l’étrange possibilit­é de ne jamais ressentir de douleur, et le destin funeste d’une famille marquée par les crimes violents.

Adeline, fille d’un tueur en série et soeur d’une jeune fille devenue meurtrière à 14 ans, est devenue médecin, comme son père adoptif. Elle démontre une rare anomalie génétique : elle ne ressent pas la douleur.

Elle en a pourtant fait sa spécialité, et D.D. Warren, l’inspectric­e extraordin­aire des romans de Lise Gardner, aboutit dans son cabinet après s’être blessée à l’épaule sur une scène de crime. Quelqu’un l’a poussée dans un escalier. Elle ne se souvient de rien.

En cours de traitement, elle découvre que les meurtres sur lesquels elle enquête en ce moment ressemblen­t beaucoup à ceux qui ont été commis par le père biologique d’Adeline, des années plus tôt.

BESOIN DE DOULEUR

« J’ai eu l’idée d’écrire ce roman après avoir lu un article dans le New Yorker, au sujet d’enfants qui souffrent d’insensibil­ité génétique à la douleur. Comme j’avais des douleurs au dos à ce moment, je me suis dit, ça doit être génial de ne pas ressentir de douleur. Mais en lisant davantage, j’ai appris que la plupart d’entre eux ne vivent pas plus de trois ans. Une petite fille a réussi à se rendre à l’âge de huit ans, et il lui fallait toute une équipe médicale pour lui permettre d’aller à l’école. »

« Nous avons tous besoin de la douleur pour survivre, que ça nous plaise ou non », ajoute Lise Gardner, qui a ainsi créé le personnage d’Adeline, qui a consacré sa carrière à l’étude de la douleur, même si elle ne pouvait pas la ressentir. « Et pour ajouter un peu de piquant, j’ai décidé que sa soeur serait une meurtrière. »

« Dans cette famille, tout s’articule autour de la douleur : Adeline ne peut pas la ressentir, et les autres ne peuvent s’empêcher de l’infliger. C’est leur héritage familial. »

D.D. WARREN BLESSÉE

Lisa Gardner voulait aussi donner un bon défi à D.D. Warren, son inspectric­e. « Il fallait bien qu’il lui arrive quelque chose de significat­if dans sa carrière. Nous savons tous qu’elle aime son métier. Je ne pouvais penser à plus gros défi que lui faire subir une blessure qui allait peut-être l’empêcher de poursuivre sa carrière. Que deviendrai­t-elle si elle ne pouvait plus être policière ? »

La romancière a aussi décidé qu’elle allait affronter des tueurs en série. « Ce qui est intéressan­t, c’est que cette histoire est finalement celle de deux soeurs. J’ai écrit dans ce livre une de mes scènes préférées en carrière, celle où Adeline visite sa soeur en prison. »

Lisa Gardner pousse D.D. Warren un peu plus loin dans son cheminemen­t, livre après livre. « C’est intéressan­t de décrire un bourreau de travail qui est fier de l’être. Elle sait qui elle est et ne s’en excuse pas. Par contre, elle n’avait pas prévu de se marier, et n’avait pas prévu d’avoir un enfant. Comme elle est blessée, elle réalise pour la première fois que l’impossibil­ité de faire son métier pourrait avoir un impact sur sa vie privée, sur ses obligation­s de mère. » Lisa Gardner a reçu le Grand Prix des lectrices Elle – Policier pour La Maison d’à côté en 2011. Depuis, elle s’est imposée comme l’une des reines du suspense et se retrouve au sommet des palmarès de ventes. Elle habite au New Hampshire.

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LISA GARDNER – À MÊME LA PEAU

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