Le Journal de Quebec - Weekend
BRISÉS PAR L’INTIMIDATION
Pour son tout premier roman, Intime idée, l’éducateur spécialisé Nicolas Dagorn s’est inspiré d’un univers qu’il connaît très bien – celui des adolescents et des jeunes adultes en difficulté – pour raconter à quel point des situations d’intimidation peuve
La vie quotidienne de Roxane, une adolescente qui vit dans un quartier calme d’une petite ville, est bousculée à cause du handicap de son plus jeune frère, Noah. Alex, son frère cadet, a endossé le rôle de protecteur face à des parents peu impliqués.
En parallèle, Hugo vient d’être placé dans un centre d’accueil par un juge pour enfants. Juste en face de chez Roxane. Il découvre que la vie dans un foyer d’accueil n’est pas simple et que la pyramide du pouvoir se forme à coups de complots et d’intimidation. Enzo, le chef, n’est pas prêt à laisser sa place.
Ces deux destins ne devaient pas se croiser. Pourtant, Roxane et Hugo deviendront bien malgré eux des témoins de la rivalité qui oppose Enzo et Alex. Ils seront portés à réfléchir sur la vie, l’amour, la haine et même la mort, malheureusement, à cause d’un suicide.
« SUR UN PETIT NUAGE »
Nicolas Dagorn dit qu’il est « sur un petit nuage » depuis la publication de son livre. Les lecteurs sont nombreux à lui transmettre leurs commentaires et il les accueille avec grand plaisir.
« Tous les retours que j’ai, tant au Québec qu’en France, sont vraiment excellents. Je suis touché que les gens lui réservent le meilleur des accueils. Vraiment, j’ai du mal à le réaliser ! » partage-t-il en entrevue.
Le thème qu’il a choisi pour participer au concours de la plateforme d’écriture Fyctia – la popularité – n’est pas traité à l’eau de rose. Il aborde des sujets très durs dans son livre, comme la vie quotidienne des jeunes qui sont placés en centres d’accueil.
« J’ai travaillé à la DPJ pendant une bonne quinzaine d’années et actuellement, je travaille dans les services adaptés du Cégep de Lévis-Lauzon, donc avec des étudiants qui vivent des limitations et qui sont dans des situations de handicap. C’est naturellement que j’ai voulu parler de la place du handicap dans la famille, et la place de l’intimidation, et comment on gagne sa popularité dans les foyers. Je souhaitais allier ma pratique professionnelle et la faire coller au thème du concours. »
AUTEURS, VICTIMES, TÉMOINS
Il connaît très bien la problématique de l’intimidation et de ses conséquences. « Je la connais, d’autant que j’ai été confronté tant aux auteurs d’intimidation qu’aux victimes. Ça arrive souvent que des gens qui vivent des limitations soient victimes d’intimidation. »
Son travail de romancier lui a permis de raconter l’histoire de personnes qui commettaient de l’intimidation, de personnes qui en vivaient, par le truchement de Hugo et Roxane, qui sont des témoins de cette intimidation.
« J’ai voulu montrer, quand on est témoin d’actes d’intimidation, comment on se sent, comment on vit les choses et comment on peut réagir. »
Ces témoins, il les rencontre parfois à cause de son travail. « Ils ont parfois un manque de connaissances : comment on peut réagir, comment on peut dénoncer des choses, est-ce que j’ai raison de dénoncer, est-ce que c’est bien de le faire ? »
C’est ce qu’il a voulu montrer dans le roman, surtout du côté de Hugo. « Ces adolescents de la DPJ qu’on dépeint parfois comme des mauvais, ce sont des adolescents qui ont des parcours de vie compliqués, mais ils sont aussi capables de réagir et d’éprouver des choses. Les témoins ont toute leur place parce qu’ils peuvent parfois agir là où les autres ne peuvent pas. »
Nicolas Dagorn est né en France et vit maintenant à Québec.
Il travaille comme éducateur spécialisé pour adolescents depuis plus de 20 ans.
Il est actif sur la plateforme d’écriture Fyctia.