Le Journal de Quebec - Weekend

TÉLÉVISION LE RÔLE D’UNE VIE

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Avant qu’il ne décroche le rôle d’agent d’artistes dans la nouvelle série Les invisibles, la carrière du comédien Benoit Mauffette battait de l’aile. Dix ans après ses premiers pas sur scène, la version québécoise de la populaire série française Dix pour cent a changé sa vie. Benoit, que représente ce rôle pour toi dans une série comme Les invisibles?

Honnêtemen­t, ça représente un peu le rôle de ma vie. J’ai 38 ans, et ça fait 11 ans que j’ai terminé l’école. Bon, j’ai décroché des petits rôles ici et là, mais je n’avais jamais eu la chance d’interpréte­r un rôle aussi grand et important. Je me retrouve dans une série de 24 épisodes d’une heure, à jouer une trame qui va dans plusieurs endroits différents. Je suis tellement heureux. Ça change complèteme­nt ma vie.

Quel souvenir gardes-tu de cette audition?

Durant cette période-là, j’avais passé plusieurs auditions et, chaque fois, c’était un refus. Ç’a été comme ça dans les dernières années. Mon agente m’a alors dit que je devais absolument aller chercher le rôle de Gabriel. J’ai donc complèteme­nt libéré mon horaire et j’ai mis le paquet pour me préparer. Je n’ai fait que ça pendant des jours. C’est la meilleure audition que j’aie passée de ma vie ! C’était un peu l’audition de la dernière chance pour moi. Puis, quelques jours plus tard, je recevais un appel m’annonçant qu’on voulait me faire passer une deuxième audition. J’ai finalement eu le rôle.

Comment as-tu célébré quand tu as appris la nouvelle?

J’ai pleuré de joie, j’étais tellement content. Juste d’en parler, l’émotion me revient. Je sautais de joie... Enfin, quelque chose de formidable m’arrivait! J’ai appelé toute ma famille et tous mes amis pour leur annoncer la bonne nouvelle. Tout le monde était extrêmemen­t content après m’avoir vu galérer pendant quelques années. Ç’a été un moment très joyeux.

Justement, pendant ces temps plus difficiles, as-tu songé à faire autre chose?

Oui, souvent. En fait, j’ai fait autre chose pendant un moment. Je devais gagner ma vie et je suis retourné aux études deux fois. D’abord, en études allemandes, et ensuite j’ai décroché un rôle important dans une belle pièce de théâtre. Je me suis alors dit que ça allait démarrer ma carrière, mais ça n’a pas été le cas. Je suis donc retourné aux études, en microbiolo­gie, durant un peu plus de deux ans. Puis, on m’a offert un rôle dans un film. Je tournais de nuit et j’étudiais de jour. J’étais proche du « burn-out », je devais faire un choix, et j’ai choisi le métier de comédien. J’ai ensuite eu des petits rôles dans

Les Simone et Mémoires vives, mais ça s’est calmé ensuite. Je vivais encore un grand creux, et celui-là, il a été difficile. Je voyais la quarantain­e qui s’en venait, et ça n’avait plus de sens de vivre comme ça, dans l’attente de travail. Je me disais que si, à 40 ans, ça n’avait pas débloqué, ça n’arriverait jamais.

Comment est née cette envie de faire le métier?

Ç’a été un coup de tête, je n’avais jamais fait de théâtre. J’ai fait mes auditions et je suis entré à l’école de théâtre à 22 ans. Ce n’était pas trop réfléchi. En fait, j’ai découvert ma passion pour le théâtre pendant mes études en théâtre. Cependant, j’ai toujours été un grand adepte de cinéma. Plus jeune, je regardais déjà beaucoup de films avec mon père.

Ton personnage de Gabriel est bien différent de celui qu’on retrouve dans Dix pour cent, la version originale française, n’est-ce pas?

Oui, j’ai voulu aborder celui-ci de façon différente et j’ai un peu voulu le rendre encore plus « loser ». Je dois dire que j’ai adoré ce que l’acteur original, Gregory Montel, a fait, mais je voulais vraiment arriver avec un aspect unique de ce personnage d’agent d’artistes. Aussi, comme nous avons trois fois plus d’épisodes que la version originale, j’ai la possibilit­é de développer et d’explorer un peu plus le rôle. J’aime surtout explorer un personnage par ses défauts.

En étant une des têtes d’affiche d’une série à TVA, as-tu l’impression que ta vie va changer?

Ma vie a déjà changé, parce que de tourner 126 jours pour une série avec de grands comédiens québécois, ç’a été une magnifique école, un beau terrain d’apprentiss­age. Mais je sais qu’assurément, on va plus me reconnaîtr­e dans la rue, et ça me fait plaisir. J’aime discuter du métier avec les gens, ça me fait toujours plaisir. Je ressemble beaucoup à mon personnage, je suis un gentil naturel.

As-tu d’autres projets à l’agenda?

Pas tant que ça, sinon peut-être les tournages de la deuxième saison, l’été prochain. Mais disons que Les invisibles me comble vraiment. Cela dit, j’aimerais bien jouer plus au cinéma, au théâtre et à la télévision. Espérons que cette fois-ci sera la bonne. Les invisibles, lundi, 21 h, à TVA.

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PATRICK DELISLE-CREVIER

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