Le Journal de Quebec - Weekend

JE SUIS DU CÔTÉ DES MÉCHANTS

- MARIE-HÉLÈNE GOULE

Cet hiver, Anne-Renée se fait remarquer dans la peau de la détestable Julie Rabeau, dans Les Honorables. Mère d’un présumé assassin, le personnage pardonne tout à son fils afin qu’il puisse toucher les étoiles du succès. La comédienne nous en dit plus long sur elle et son alter ego.

Parlez-nous de Julie Rabeau, votre personnage dans Les Honorables. C’est la mère de Tristan Rabeau, le meurtrier présumé de Gabrielle Dessureaux. C’est une mère surprotect­rice dont le fils est le centre de sa vie. Elle veut qu’il réussisse à tout prix et est prête à fermer les yeux sur ses comporteme­nts narcissiqu­es. Même qu’elle les encourage ! Elle a beaucoup d’argent, mais pas autant de classe qu’elle le voudrait. C’est une « parvenue ». Alors que Macha Grenon joue la mère blonde angélique, je suis du côté des méchants.

Était-ce difficile d’assumer ce rôle de vilaine sur le plateau de tournage?

C’est certain que lorsque je jouais, il n’y avait pas grand monde de mon côté. Heureuseme­nt, lorsque la caméra s’arrêtait, Macha Grenon prenait soin de moi afin que je ne me sente pas isolée. Elle a une si grande âme, Macha, c’est un ange!

Vous avez aussi campé un rôle difficile l’an dernier dans District 31, où vous interpréti­ez une mère mourante qui apprend que sa fille a porté plainte après que son frère l’a agressée...

Ce tournage a été une expérience extraordin­aire ! Comme les scènes sont fil- mées à vitesse grand V dans District 31, le réalisateu­r m’a téléphoné en amont pour m’expliquer ce qu’il attendait de moi. Il voulait que la maladie paraisse jusque dans mes petits gestes. C’était exigeant, mais, heureuseme­nt, ç’a cliqué rapidement entre les enfants acteurs et moi. Hélène Bourgeois Leclerc m’a aussi donné un bon coup de main en me mettant à l’aise. Je ne vous cacherai pas qu’après le tournage, j’étais épuisée par les émotions que j’ai dû jouer.

Est-ce que vous avez toujours voulu devenir comédienne?

Déjà, quand j’étais toute petite, je rêvais d’entrer dans la télévision. J’ai d’abord pensé que c’est par les communicat­ions que j’y arriverais. J’ai donc étudié en journalism­e. Mon bac terminé, j’ai réalisé qu’avec mon hypersensi­bilité, je ne pourrais jamais m’habituer à l’actualité. J’ai donc commencé à travailler sur des plateaux de tournage et, petit à petit, j’achalais les gens pour obtenir des rôles. À un moment donné, je me suis fait une raison et je suis retournée à l’université en interpréta­tion.

Venez-vous d’une famille d’artistes?

Mon père est le poète André Duhaime. Il se spécialise dans les haïkus. Je ne sais plus combien d’ouvrages de poésie il a publiés jusqu’ici. Comme on ne vit pas de la poésie, il a aussi été professeur de français pour les immigrants. Ma mère a aussi un tempéramen­t d’artiste. Elle est très expressive. Je crois que si elle avait pu, elle serait devenue comédienne aussi.

Qu’avez-vous fait pour revenir à l’avant-scène?

J’ai autoprodui­t Le service, un court métrage que j’ai coécrit avec l’actrice Christine Foley, et dans lequel je joue avec Louise Portal. C’est parce que je l’ai envoyé à plusieurs maisons de production que j’ai eu le rôle dans District 31 et dans Les Honorables. En plus, le film nous a permis de voyager, la réalisatri­ce Geneviève Sauvé et moi. Nous l’avons entre autres présenté au Festival du film d’El Gouna, en Égypte. La série Les Honorables est offerte dès maintenant sur Club illico.

Racontez-nous votre expérience en Égypte.

C’était un festival ultra-glamour. Geneviève et moi avions pensé que la sobriété y serait de mise, mais, au contraire, les femmes portaient des tenues incroyable­ment flamboyant­es. On nous a bien expliqué que l’endroit où nous étions n’avait rien à voir avec l’Égypte traditionn­elle. C’était plutôt une station balnéaire aux allures de Cannes. Nous n’avons pas gagné, mais nous avons pu voir une foule de films de cinéastes qui ne sont pas connus au Québec. C’était très inspirant !

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