Le Journal de Quebec - Weekend

ENQUÊTE PALPITANTE À SCHEFFERVI­LLE

- MARIE-FRANCE BORNAIS Le Journal de Québec

Isabelle Lafortune s’est en partie inspirée de son expérience de travail à Scheffervi­lle, dans le nord du Québec, pour écrire un premier roman coup de poing, grinçant :

Terminal Grand Nord. À travers une enquête captivante, elle dépeint les beautés et les laideurs du nord et les tensions de cet ancien eldorado minier.

En avril 2012, les corps de deux jeunes filles innues, Nathasha et sa soeur Gina, sont retrouvés non loin d’un sentier de motoneige, à Scheffervi­lle.

Dépêché depuis Montréal par un gouverneme­nt qui craint le scandale, l’inspecteur Émile Morin est chargé de l’enquête.

À Scheffervi­lle, l’enquête s’enlise. Émile Morin a beau chercher, personne ne se souvient d’avoir croisé les deux petites soeurs.

L’homme du sud devra faire appel aux connaissan­ces de son ami Johnny Celani pour apprendre à déchiffrer les codes sociaux du Nord.

APPROPRIÉ

L’idée d’un roman mijotait dans l’esprit d’Isabelle depuis longtemps.

« Je connais Scheffervi­lle pour y avoir séjourné à quelques reprises. J’ai travaillé à l’hôtel Royal. Je connais des gens là-bas », dit-elle.

« J’avais eu une impression très forte : j’avais l’impression d’être sur une autre planète, d’être ailleurs. Ça m’a vraiment donné envie d’écrire quelque chose. »

L’idée d’écrire un roman policier – un genre qui lui plaît – s’est imposée.

« Scheffervi­lle, ça s’y prête tellement bien : c’est un milieu clos. J’ai rencontré des Innus qui ont été adoptés. J’avais envie d’écrire Sam, un personnage atypique, écorché. »

Elle voulait privilégie­r l’approche littéraire, tout en plaisant au grand public.

Elle a réussi. Son ressenti est très fort par rapport au Nord, aux communauté­s des Premières Nations, à l’ambiance des régions éloignées où les dynamiques sociales sont complexes.

« C’est fascinant. Il y a le pire, le meilleur. J’aime les gens de Scheffervi­lle – ils font un avec leur environnem­ent. Et en même temps, ils sont dans la modernité. J’ai hâte d’y retourner parce qu’il y a un dynamisme nouveau qui s’installe. Les Innus et les Naskapis sont en train de prendre les choses en main et de forger leur destin d’une façon vraiment le fun. Je suis très contente pour eux. Je suis bouleversé­e par ce qu’on leur a fait subir et j’en témoigne dans mon roman. »

« SUR LA LUNE »

Lorsqu’elle est arrivée à Scheffervi­lle en train, Isabelle Lafortune a eu l’impression « d’arriver sur la Lune ».

« Le paysage, l’air... ça sent le nord. Il y avait des pick-up tous phares allumés parce qu’il faisait noir. J’avais fait 14 heures de train et on avait failli perdre un wagon en cours de route... On circulait au milieu de nulle part et je me demandais qui allait venir nous sauver s’il se passait quelque chose. »

Sa plume vive et les thèmes d’actualité qu’elle évoque ont attiré l’attention du réalisateu­r François Bouvier ( La

Bolduc, Paul à Québec), qui a acquis les droits d’adaptation cinématogr­aphique du roman.

Le projet est en cours et l’écrivaine est déjà impliquée dans la scénarisat­ion. « C’est des coups de coeur profession­nels que je fais à chaque rencontre avec ce projet. C’est précieux! » Isabelle Lafortune a signé un album musical, des oeuvres dramatique­s et un conte. Elle a été enseignant­e suppléante dans une école secondaire de la réserve de Matimekosh, près de Scheffervi­lle. Le réalisateu­r François Bouvier a acquis les droits d’adaptation cinématogr­aphique de Terminal Grand Nord.

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TERMINAL GRAND NORD Isabelle Lafortune Éditions XYZ 354 pages
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