Le Journal de Quebec - Weekend
UN POLICIER PAS COMME LES AUTRES
Dans la série Appelle-moi si tu meurs sur Club illico
Claude Legault n’était pas seulement fatigué d’écrire après 19-2 ; il était fatigué. Point. L’« usine à saucisses », comme il s’amuse à imager en entrevue, avait besoin d’une pause. Et vite... « J’ai ressenti une grande lassitude, raconte l’auteur et comédien au Journal. J’avais besoin d’un break, parce que c’était trop. Je n’avais même plus envie de jouer. Ça faisait 15 ans que je n’avais pas pris le temps de m’asseoir pour regarder en arrière. Pour regarder tout ce que j’avais accompli. »
Ce temps de repos a permis à Claude Legault de comprendre pourquoi il n’avait plus autant d’énergie (ayant enfilé les projets à vitesse grand V) et, surtout, de recharger ses batteries pour plonger dans l’écriture d’Appelle- moi si tu meurs, sa nouvelle série en tandem avec Pierre-Yves Bernard, son complice de Minuit, le soir et Dans une ga
laxie près de chez vous. Deux semaines avant l’arrivée des huit premiers épisodes sur Club illico, Claude Legault qualifie l’aventure de « montagnes russes », une expression qui pâlit toutefois devant celle qu’il emploie pour décrire l’épopée 19-2 : « Comme gravir le mont Everest en gougounes ».
CARTE BLANCHE
L’aventure Appelle-moi si tu meurs a officiellement commencé en 2014, quand TVA a donné carte blanche à Claude Legault pour pondre la série télévisée qu’il souhaitait. Mais puisqu’il était accaparé par l’écriture de 19-2 avec Réal Bossé et Danielle Dansereau, le lauréat de nombreux prix Artis et Gémeaux a fait appel à Pierre-Yves Bernard, son grand ami, pour qu’il démarre « quelque chose ».
C’est ainsi qu’est née Chrysalide, une série policière « scientifique ».
Mais après quelques années de développement en dents de scie, le projet a emprunté un virage déterminant en 2017. « C’était trop compliqué, explique Claude Legault. On a reviré ça d’bord, pis c’est devenu une série sur l’amitié. »
CLANS OPPOSÉS
Rencontré au deuxième étage des bureaux de Zone 3, son producteur situé au centreville de Montréal, dans un petit local vitré où plusieurs séances de remue-méninges ont battu leur plein au cours des dernières années, Claude Legault discute avec enthousiasme des grandes lignes d’Appelle- moi si tu meurs, une fiction en huit épisodes dans laquelle il campe Jean-François Lelièvre, un agent de police exilé en Thaïlande, mais rapatrié de force à Montréal, une ville qu’il évite depuis une trentaine d’années pour éviter d’être contraint d’enquêter sur Mario Vietti (Denis Bernard), son meilleur ami d’enfance… et également mafieux jusqu’au bout des ongles. Placés en situation d’énorme conflit d’intérêts, les deux hommes tairont à leurs collègues et complices respectifs leur relation privilégiée, tout en tentant de s’entraider pour sauver leur peau.
« Dans ta vie, t’as des thèmes privilégiés, résume Claude Legault. Pour Pierre-Yves et moi, c’est la bêtise humaine et l’amitié. »
« C’est une histoire classique, poursuit le comédien de 55 ans. C’est les Capulet contre les Montaigu. C’est deux buddys qui sont juste pas du même bord. »
UN HYBRIDE
Quand on demande à Claude Legault de décrire le ton d’Appelle- moi si tu meurs, il esquisse un léger sourire, le même qu’il arborait en octobre, quand on l’avait croisé à Longueuil, alors qu’il tournait sous l’oeil attentif du réalisateur Claude Desrosiers ( Aveux, Feux). En cette journée pluvieuse d’automne, le comédien nous avait parlé d’un « hybride » entre Dans une galaxie
près de chez vous, cette comédie de science-fiction culte pour adolescents présentée à Canal Famille et VRAK au tournant du millénaire, et Minuit, le soir, cette incursion dramatique dans l’univers des videurs de bar, diffusée à Radio-Canada de 2005 à 2007.
Quelques mois plus tard, Claude Legault persiste et signe. « On avait envie de marier tout ce qu’on a fait jusqu’à présent. PierreYves et moi, on a toujours le don de pogner des trails compliquées ! »
Pour étayer ses propos, Claude Legault cite en exemple une séquence du premier épisode, dans laquelle son personnage et celui de Denis Bernard s’engueulent en dansant.
« C’est une scène absurde à première vue, mais ça marche. Parce qu’on voit que c’est deux chums qui s’aiment comme des frères. C’est weird à dire, mais autant ils peuvent être rough, autant c’est des bons gars. »
Appelle-moi si tu meurs atterrit sur Club illico le jeudi 28 février.