Le Journal de Quebec - Weekend
DIVERSITÉ, AMITIÉ ET TRUMP
Nous avons discuté de diversité, d’écriture, d’amitié et des difficultés à imiter Donald Trump avec Claude Legault.
On a beaucoup parlé du manque de diversité à l’écran au cours des dernières années, particulièrement en fiction au Québec. Or, la distribution d’Appelle- moi si tu meurs comprend plusieurs acteurs issus des minorités. Estce que c’était volontaire?
C’était effectivement un voeu de diversifier le plus possible. Je pense qu’on peut faire encore mieux. Le monde change. Notre société change. Il y a de plus en plus d’allophones, de gens de couleur, d’Asiatiques, de gens du Maghreb... Il faut être sensible à ça...
Comme auteur, êtes-vous possessif à l’égard des textes que vous avez écrits? Êtes-vous bon pour confier vos textes aux bons soins d’un réalisateur?
Je laisse aller beaucoup... à moins que je sois en total désaccord avec ce qu’ils sont en train de faire, ce qui est rare. Généralement, je fais confiance. Je regarde les montages, je mets mon grain de sel, je donne mon opinion, mais je laisse les gens faire leur job. Sur un plateau, je laisse le réalisateur travailler. Le texte, c’est une matière première. Ça doit bouger.
Quand vous écrivez, avez-vous comme objectif d’écrire des scènes qui pourraient vous mettre au défi en tant qu’acteur?
J’espère toujours me challenger. J’espère toujours avoir des scènes compliquées et tordues, mais ça doit d’abord et avant tout servir l’histoire. Ça doit être mené par l’émo- tion. Le reste, on s’en câlisse.
Quand est née votre amitié avec Pierre-Yves Bernard, avec qui vous signez Appelle-moi si tu meurs?
Au milieu des années 1980. Il m’avait vu faire de l’improvisation. On s’était rencontrés lors d’une audition. On devait avoir 22 ans. Il m’avait tellement fait rire. Pendant qu’on mangeait, il avait sorti quelque chose comme : « Y’a un gars qui est mort étouffé avec une cuisse de pizza. » J’avais fait : « Tabar… Il vient d’où, lui? » Les deux, on avait la taille d’une épingle à linge. Les deux, on était fans d’humour absurde.
Quand avez-vous commencé à écrire ensemble?
On a développé la première bible de Galaxie en 1991. À cette époque, ça s’appelait Vadrouille du cosmos, en référence à Patrouille du cosmos (la version française québécoise de Star Trek). Et tout le monde l’a refusée. On l’a ensuite fait lire à Denise Filiatrault et Claude Meunier pour avoir leurs conseils et ils nous ont répondu que c’était ben bon, mais qu’aucun réseau n’allait acheter une sitcom pour adultes dans l’espace.
Vos carrières ont beaucoup évolué depuis cette époque. Est-ce que ça transparaît dans votre écriture?
Oui et non. Dans la cinquantaine, tu n’as plus les mêmes goûts qu’à 30 ans. Tu n’as plus la même vitesse non plus. Faut pas se leurrer. On a changé. On n’est plus les petits culs qui ont parti Dans une galaxie près de chez vous dans les années 1990, mais dans nos têtes et dans notre écriture, on est toujours aussi niaiseux qu’avant.