Le Journal de Quebec - Weekend

NETFLIX SORT L'ARTILLERIE LOURDE

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Les dix nomination­s et le statut de grand favori du film mexicain en noir et blanc Roma ne relèvent pas du hasard : déterminé à faire sa place parmi les grands noms du cinéma, Netflix met tout en oeuvre pour que son poulain reparte de la soirée des Oscars avec le trophée le plus convoité.

CÉDRIC BÉLANGER Le Journal de Québec

Pour mener à bien son opération charme auprès des membres de l’Académie, le géant du streaming ne recule devant aucune dépense.

De 25 à 30 millions de dollars – un chiffre bien conservate­ur, selon ce que chuchotent des gens de Hollywood bien connectés – auraient été investis dans la campagne aux Oscars du film d’Alfonso Cuarón.

Question de mettre toutes les chances de son bord, Netflix a même embauché la stratégist­e par excellence de Hollywood, Lisa Taback.

La nouvelle a eu l’effet d’une bombe l’été dernier. Ancienne membre de l’équipe du puissant producteur déchu Harvey Weinstein, Taback a contribué au fil des ans aux triomphes de The

King’s Speech, The Artist et Spotlight, entre autres.

BIENTÔT SCORSESE

L’enjeu est de taille pour Netflix. Le service de diffusion en ligne souhaite se démarquer de ses concurrent­s sur le Web que sont Amazon, Comcast et bientôt Disney.

Surtout, Netflix entend être pris au sérieux par les plus grands réalisateu­rs et les meilleurs acteurs et actrices de l’industrie. Un Oscar représente­rait un argument de taille pour les convaincre de s’associer à ses projets.

Plusieurs ont déjà fait le saut. C’est sur Netflix que The Irishman, le nouveau film de Martin Scorsese qui met en vedette Robert de Niro, Al Pacino et Joe Pesci, verra le jour à l’automne avec pour objectif la cérémonie des Oscars 2020.

Comme le disait au New York Times un professeur spécialisé en divertisse­ment de l’Université Southern California, si Netflix gagne, « la game va changer pour toujours ».

RÉSISTANCE

Or, il y a de la résistance. Plusieurs acteurs influents du milieu ne voient pas d’un bon oeil l’émergence de Netflix. Pour certains, dont le réalisateu­r Steven Spielberg, les Oscars doivent célébrer les films sortis en salles et non ceux destinés à un site de streaming.

« Je crois fermement que les salles de cinéma doivent rester dans le décor pour toujours », a déclaré récemment Spielberg, qui croit que les films de Netflix devraient être réservés au gala dédié à la télévision, les Emmy.

Sauf qu’au train où vont les choses – et surtout si Roma rafle l’Oscar du meilleur film –, ce souhait d’un des plus grands réalisateu­rs de l’ère moderne semble s’apparenter à un voeu pieux.

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