Le Journal de Quebec - Weekend

RÉHABILITE­R DES PERSONNAGE­S MARQUANTS

- MARIE-FRANCE BORNAIS Le Journal de Québec

Quand on pense à Pontiac, Henri Bourassa ou Louis-Hyppolite Lafontaine, c’est peut-être l’image d’une voiture, d’une station de métro ou d’un tunnel qui surgit d’abord dans notre imaginatio­n. Pourtant, ces noms sont ceux de grands personnage­s de l’histoire du Québec et du Canada. L’animateur Gilles Proulx souhaite les réhabilite­r et faire connaître les événements qui leur sont associés dans son nouvel ouvrage, La mémoire qu’on nous a volée, De 1760 à nos jours.

En collaborat­ion avec le reporter Louis-Philippe Messier, Gilles Proulx réhabilite ces grands oubliés dans son essai. Il avait un objectif précis: « Je voulais parler des conséquenc­es de dates importante­s dans le passé, parce qu’on se fait tellement virer de bord dès qu’on sert des références historique­s... », commente-t-il, en entrevue.

« Le plus bel exemple, c’est à Québec, en 2008, quand on a célébré Champlain, le célèbre fondateur du pays. On demandait qui était Champlain aux jeunes - ils sont supposés être plus instruits et bardés de diplômes, diplômes superficie­ls dans le fond - on répondait, ben c’est un pont. Ces espèces de réactions désarmante­s font réfléchir », poursuit-il en expliquant qu’il souhaite renverser la vapeur.

QUARTIERS HISTORIQUE­S

Bien des éléments historique­s sont ignorés, estime-t-il. « On se promène dans les rues de Montréal, de Québec ou de Trois-Rivières et on ne sait pas qu’il y a un quartier de la Nouvelle-France dans le Vieux-Montréal, dans le Vieux Trois-Rivières, dans le Vieux-Québec, qui nous parle de notre passé à nous et de nos premières heures. »

Il se demande aussi pourquoi l’histoire est si peu enseignée et si peu valorisée, affirmant qu’il s’agit là d’un vol de notre mémoire collective. D’où le titre du livre.

« Le vol de la mémoire collective, c’est l’inconscien­ce de nos élites qui ne sont pas plus instruites que nous devrions l’être, et qu’on ne l’était par rapport à ceux qui hier étaient nos élites politiques dans nos mairies, dans les gouverneme­nts du Québec ou du Canada », lancet-il.

« Pourquoi on a donné le nom d’une ville entière à Dollard-des-Ormeaux alors que la gau-gauche le traite de malfrat, de voleur, de bandit? C’est vraiment pas connaître l’action de l’homme, le sacrifice de l’homme, malgré qu’il y ait eu de l’argent là-dedans. »

Ce livre, qui fait suite au best-seller Nouvelle-France: Ce qu’on aurait dû vous enseigner, publié en 2016 aux Éditions du Journal, relève le parcours de grands personnage­s et d’événements importants du Régime britanniqu­e.

VALEUR COLLECTIVE

Il raconte, par exemple, les actions de Louis-Joseph Papineau, de Monseigneu­r Bourget, de lord Elgin, de GeorgeÉtie­nne Cartier, de Louis Riel. Il rappelle l’ingérence armée du Canada en 1900, la Grande Crise des années 1930, l’avènement du drapeau fleurdelys­é, la grève dans les mines d’amiante, la Révolution tranquille, la Crise d’octobre, l’accord du lac Meech.

« Il n’y a pas eu que des gens qui nous en voulaient et qui se servaient de leur mentalité de conquérant­s... il y a eu des dirigeants connaissan­t, par exemple, la valeur collective, en terme de travail, de notre nation, qui vont faire en sorte de ne pas nous anéantir, de ne pas nous assimiler. »

GRANDS PERSONNAGE­S

À son avis, il est très important de connaître les grands personnage­s qui ont posé les jalons de notre société actuelle. « Ce sont des personnage­s qui méritent d’avoir une attention dans le descriptif de la trame historique. Notre histoire ne doit pas commencer - et encore c’est trop loin - à Jean Lesage, pour la plupart de nos jeunes. Même, bientôt, René Lévesque va être oublié, si ce n’est pas déjà fait. Ça me crève le coeur de voir ça. » Gilles Proulx est chroniqueu­r au Journal, animateur, enseignant, photograph­e, auteur et conférenci­er. Il a écrit, entre autres, le succès Nouvelle France : Ce qu’on aurait dû vous enseigner. Louis-Philippe Messier est reporter pour Le Journal de Montréal et le quotidien 24H. Il collabore pour la troisième fois avec Gilles Proulx pour cet essai.

 ??  ?? LA MÉMOIRE QU’ON NOUS A VOLÉE, DE 1760 À NOS JOURS Gilles Proulx et Louis-Philippe Messier, préface de Gilles Laporte. Les Éditions du Journal, 248 pages.
LA MÉMOIRE QU’ON NOUS A VOLÉE, DE 1760 À NOS JOURS Gilles Proulx et Louis-Philippe Messier, préface de Gilles Laporte. Les Éditions du Journal, 248 pages.
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