Le Journal de Quebec - Weekend
LE COURAGE D’AIMER
Pour son troisième long métrage de fiction, qui remporte prix sur prix dans les festivals internationaux, Philippe Lesage a choisi Théodore Pellerin, Noée Abita et Émilie Bierre pour illustrer les difficultés des premières amours.
« J’avais, depuis longtemps, l’idée de faire une grande fresque sur l’adolescence. Je me suis servi de mon vécu avec, aussi, des éléments et des emprunts. Ça s’est écrit, d’une certaine façon, dans l’urgence. Je suis quelqu’un qui écrit ses scénarios relativement rapidement. Une fois plongé dedans, ça déboule, comme s’il y avait un sentiment de nécessité », explique Philippe Lesage en entrevue à l’Agence QMI.
Tourné en 42 jours, une exception – la moyenne étant une vingtaine de jours –, Genèse se concentre sur plusieurs histoires. Guillaume (Théodore Pellerin), élève de pensionnat, est amoureux de son meilleur ami, Nicolas (Jules Roy Sicotte). Sa soeur Charlotte (Noée Abita) doit composer avec le désir de son amoureux, Maxime (Pier-Luc Funk), d’avoir une relation ouverte, tandis que Béatrice (Émilie Bierre) vit ses premiers émois.
RÉVOLTES INTÉRIEURES
« Je suis un peu agacé par le discours générationnel, quand on dit: “Les Y sont comme ça, les X sont comme ci, les Boo
mers comme ça” et de toujours faire des cloisons entre les générations, comme si l’une était l’ennemie de l’autre », explique le cinéaste lorsqu’il détaille sa volonté d’intemporalité de Genèse.
« Je suis plus intéressé par ce qu’on a en commun que par ce qui nous distingue. Peut-être que les moyens de communication ont changé, mais l’amour, les premiers émois, sont vécus de la même façon maintenant que lorsque j’étais un adolescent dans les années 1990 ou que lorsque mes parents faisaient des fêtes de sous-sol à Trois-Rivières dans les années 1960. »
Les adolescents de Philippe Lesage, à l’instar de ceux d’Une
colonie de Geneviève Dulude-De Celles ou de Eighth Grade de Bo Burnham, ne s’opposent pas au système.
« Je me suis peutêtre moins intéressé à la révolte contre l’ordre établi. Il y a une révolte, mais elle est subtile. […] Je vois quand même mes protagonistes comme des héros, dans le sens où ils aiment sans se protéger. Ils se livrent à l’amour sans se méfier et ils y vont à fond. Ils n’ont pas peur de se casser la gueule et j’ai beaucoup d’admiration pour les gens – quand on est jeune ou qu’on a le coeur jeune – qui vont tenter leur chance en suivant leur passion et sans se protéger. »
Pour Émilie Bierre, choisie dès son audition et qui a apprécié le défi et l’apprentissage que lui permettait son personnage de Béatrice, « il peut y avoir une révolte, mais elle est plus intérieure ». « C’est vraiment ce dans quoi je me suis retrouvée », précise-t-elle.
« Je pense que la révolte en tant que telle se fait dans ta tête et dans ton coeur. C’est de savoir ce que tu es et avec qui tu veux être. En fait, c’est de comprendre qui tu es et comment tu te définis à travers l’adolescence. C’est pas nécessairement une révolte, mais une bataille contre soi-même parce qu’il faut que tu te trouves et il faut que tu te respectes. C’est ce que j’ai vu dans
Une colonie et Genèse et juste ça peut représenter une révolte », de détailler l’actrice de 14 ans en traçant le parallèle en ntre les deux de erniers films dan ns lesquels elle e a joué.
YO ONNEMENT
Depuiis sa présentation à Loccarno l’an dernier,, Genèse a rallié les ssuffrages dans tous les festivals – plus d’une trentaine – durant lesquels il a été présenté.
« C’est extraordinaire quand on sent qu’il y a un engouement mondial pour le film, que le film est choisi dans des festivals prestigieux et qu’on gagne, en plus, des prix. C’est très encourageant. »
« Pour moi, dit Philippe Lesage, il n’y a rien de plus agréable que de rencontrer le public après une projection, de les rencontrer et de répondre à leurs questions. C’est profondément gratifiant. » Genèse arrive dans les salles de la province le 15 mars.