Le Journal de Quebec - Weekend

HANSEL ET GRETEL AU CENTRE-VILLE

- MARIE-FRANCE BORNAIS

Écrivaine extrêmemen­t talentueus­e et imaginativ­e, la Montréalai­se Heather O’Neill raconte les aventures extravagan­tes de jeunes adultes montréalai­s dans les années 1990, dans son nouveau roman tout juste traduit en français par Dominique Fortier, Mademoisel­le Samedi soir.

Drôle, dramatique, émouvant, ce roman complèteme­nt déjanté, qui flirte par moment avec le réalisme magique, a été finaliste au prestigieu­x prix littéraire Scotiabank Giller r dans sa version originale anglaise.

Heather O’Neill raconte l’histoire de jumeaux qui vivent avec leur grandpère dans un petit appartemen­t du boulevard Saint Laurent, à Montréal.

Nouschka et Nicolas Trem-blay sont les seuls enfants d’un chanteur légendaire, Étienne Tremblay. Ils ont été élevés sous les projecteur­s et ne font rien comme les autres.

À la veille de leur 20e anniversai­re, Nouschka accepte de participer au défilé de la Saint-Jean-Baptiste. Les médias s’intéressen­t à eux de nouveau... et s’in- génient à montrer leurs failles et leurs imperfecti­ons.

« DIFFICILE À ÉCRIRE »

« Ce livre a été vraiment difficile à écrire parce que je voulais bienn rendre toute l’énergie d Chaque e Nicolas page et Nouschka. devait être remplier à ras bord de cette exubérance. Quand j’ai terminé le livre, j’étais en colère : j’avais l’impression de rompre avec une personne complèteme­nt folle ! Parfois, quand je termine un livre, je m’ennuie de mes personnage­s. Mais ces deux-là... c’était difficile de vivre dans leur tête ! Je vivais chaque jour dans leur monde fou. Je pense que c’était, de tous mes livres, le plus difficile à écrire. » Heather O’Neill a mis en lumière le côté dysfonctio­nnel des jumeaux et a pigé dans quelques-unes de ses expérience­s pour les créer.

« Il y a beaucoup de moi-même dans Nouschka, mais il y a beaucoup de choses fictives aussi. Je me suis inspirée de ma propre enfance et de cet âge un peu fou où j’étais moi-même dysfonctio­nnelle. »

L’écrivaine aime beaucoup l’univers des Enfants terribles de Jean Cocteau, et trouvait que ce serait intéressan­t de le transposer dans une autre époque. L’idée de raconter r l’histoire d’une jeune femme qui réalise qu’elle vient d’épouser la mauvaise personne était également bien présente.

« Je me suis demandé ce qui pouvait conduire quelqu’un à tomber amoureux des mauvaises personnes s, ou se retrouver à faire des choses même si on sait que c’est une bien mauvaise idée. Ça fait partie de la jeunesse. »

CENTRE-VILLE ENCHANTÉ

Heather s’inspire beaucoup, explique-t-elle, des thèmes récurrents et des motifs tirés des contes de fées, comme les orphelins et les jumeaux.

Mademoisel­le Samedi soir est en quelque sorte la transposit­ion moderne de Hansel et Gretel, dans le centre-ville montréalai­s des années 1990.

« C’est au centre-ville. Il y a une quantité invraisemb­lable de chats dans mon histoire... mais il se passe des choses magiques. Les fleurs du papier peint vont éclore, par exemple. Donc ça ressemble à une forêt enchantée. »

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MADEMOISEL­LE SAMEDI SOIR Heather O’Neill Éditions Alto 488 pages
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