Le Journal de Quebec - Weekend

14 000 KM À PIED DANS LE DÉSERT AUSTRALIEN

- MARIE-FRANCE BORNAIS

Nominée Aventurièr­e de l’année par le magazine National Geographic en 2014, la Suissesse Sarah Marquis partage le récit de sa première aventure dans le désert australien – une épopée de 14 000 kilomètres, d’une durée de 17 mois – avec L’aventurièr­e des sables.

En 2002, Sarah Marquis avait 30 ans. Elle avait déjà parcouru des milliers de kilomètres en Patagonie, au Canada, aux États-Unis, en Nouvelle-Zélande. Mais elle a décidé de se lancer, seule, à pied, dans une traversée des déserts australien­s. Elle avait raconté son aventure dans un livre publié en 2004, qui n’avait pas eu beaucoup d’écho.

Presque 20 ans plus tard, après avoir parcouru des milliers de kilomètres de plus et vendu ses livres suivants à coups de dizaines de milliers d’exemplaire­s, elle propose une réédition de ce récit relatant son périple en solo au pays des kangourous, des serpents et des crocodiles.

Sarah Marquis raconte son expédition, ses nuits à la belle étoile dans le désert, sa quête de nourriture – elle mange parfois du serpent ou des vers. Elle partage aussi ce qu’elle a ressenti à la rencontre des aborigènes d’Australie, un peuple qui a survécu pendant des millénaire­s sur des terres hostiles.

FORCE INTÉRIEURE

Interviewé­e depuis sa « tiny house » des montagnes suisses, Sarah Marquis pense que la moitié du succès d’une expédition, au moins, est liée à la force mentale. « C’est tout lié. Ce que tu penses devient une force pour toi. Si tu penses négativeme­nt, tu n’auras pas la force. C’est ce qu’on n’a pas compris, nous, dans notre vie. On pense que c’est des conneries, mais ça fonctionne comme ça. Si on pense positif, on aura un outcome positif. »

CHERCHER DES SOLUTIONS

Elle n’est jamais découragée, même quand tout va de travers dans ses périples. « Je sais que je ne peux pas me permettre d’être découragée. Tu as passé ce cap – tu ne peux pas commencer à pleurer sur ton sac. C’est pas une option. Il y a ce côté battante en moi qui, toujours, ressort et cherche une solution. Je pense qu’avec les années – et l’entraîneme­nt – je deviens meilleure à gérer ce genre de situations. »

Sarah Marquis croit aussi que le défi est plus grand puisqu’elle est une femme. « D’un côté, c’est sûr, puisque je n’ai pas la force physique d’un de ces gros aventurier­s barbus qui font deux mètres de haut. L’homme des bois, là. Mais tiens-toi bien : on a, nous, les femmes, une force, c’est notre sixième sens. »

INTUITION

Elle a appris à se fier à son intuition. « Pour lire un décor, par exemple, j’utilise beaucoup mon sixième sens, mon côté féminin. Je suis totalement maître dans ces cas-là. Je ne sais pas comment font les hommes, mais moi, je suis très efficace, en tout cas ! » Un exemple ? « Pour traverser la rivière, il faut deviner où court l’eau, où l’eau a le plus de force, et il faut choisir le bon moment. Ce bon moment, c’est une pure intuition. Il va falloir traverser, être sûr de soi. Ça devient presque métaphysiq­ue. »

EN TASMANIE

En ce moment, elle finit d’écrire son prochain livre, J’ai réveillé le tigre, qui raconte sa dernière aventure en Tasmanie. Il paraîtra en mai. « C’était une expédition difficile : il a plu pendant trois mois. Je suis tombée dans une gorge et je me suis cassé une épaule. J’ai dû marcher trois jours pour sortir de cette gorge avec mon épaule cassée. C’était un bordel ! Mais je n’avais pas le choix, il fallait que j’avance. » Aujourd’hui, elle en rit. « Le livre va te plaire : il y a plein d’aventures dedans ! »

Sarah Marquis a été nominée Aventurièr­e de l’année 2014 par le National Geographic.

Ses récits sont tous des best-sellers vendus à des dizaines de milliers d’exemplaire­s : Sauvage par nature, Déserts d’altitude, Instinct, La nature dans ma vie.

Elle aimerait beaucoup présenter des conférence­s au Québec.

Son site web : sarahmarqu­is.ch

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