Le Journal de Quebec - Weekend

« J’AI COMPRIS QUE JE DEVAIS ÊTRE MOI »

- Annie signe l’écriture et la mise en scène du show familial immersif Stardust, présenté dans la pyramide PY1, à Miami, cet automne, puis en tournée mondiale. JORDAN DUPUIS Agence QMI

Annie Brocoli a décidé il y a un an de laisser son célèbre personnage pour faire un saut dans le vide. Cette décision audacieuse l’a amenée à faire une grande introspect­ion et à revoir ce qui l’allume et la passionne. C’est dans sa chaleureus­e maison sur le flanc du mont Rougemont qu’elle nous a reçus.

C’est ton premier été sans le personnage d’Annie Brocoli. Pas de spectacle ni de festival. As-tu trouvé cela difficile?

Non, pas du tout! En fait, cela me fait penser à l’époque où j’allaitais mon garçon et où je me disais que j’allais capoter lorsqu’il quitterait la maison! Mais non, quand t’es rendu là, tout va de soi. Je n’ai pas capoté du tout. J’étais rendue à cette étape dans ma vie.

T’ennuies-tu de ton personnage?

Ça ne me manque pas de l’incarner, mais je m’ennuie de l’équipe, du trip de gang créatif. J’ai pris le temps de faire mon deuil, alors je le vis bien. Le personnage d’Annie Brocoli a muté en autre chose, mais il va toujours être là, car c’est lui qui m’a amenée où je suis en ce moment.

Qu’est-ce que tu as découvert sur Annie Grenier depuis que tu as dit au revoir à Annie Brocoli?

Quand j’ai fait mon spectacle pour adultes au Zoofest le 25 juillet 2017, j’ai réalisé une foule de choses. Ç’a été la fin de ma thérapie, et c’est là que ma décision de quitter mon personnage s’est confirmée [elle a donné son dernier show dans la peau d’Annie Brocoli le 25 juillet 2018, NDLR]. J’ai réalisé que je devais habiter toutes les parties de mon être, pas seulement la ludique, la happy et la gamine. Toutes ces années, j’avais beaucoup laissé la femme de côté, car Annie Brocoli prenait toute la place.

Que trouvais-tu de plus difficile là-dedans?

J’avais peur d’être jugée en laissant la femme que je suis s’épanouir. Travailler pour les enfants, ça vient avec une énorme pression. C’est un engagement, car la jeunesse, c’est important. J’étais très rigide avec moi-même. Je me mettais une grande pression et je vivais avec une dualité constante entre la gamine et la femme. Un personnage pour enfants n’est pas censé être une femme sexuée. Ce soir-là, au Zoofest, j’ai dit tout ce que j’avais sur le coeur depuis toutes ces années! Quel soulagemen­t ! J’ai aussi vu que je ne blessais personne à m’exprimer librement. J’ai compris que je devais être moi, avec toutes ces petites pièces de celle que je suis.

As-tu peur que les gens t’oublient?

Non, car j’ai l’impression que je vais continuer à puncher ici et là. Lorsque je serai à la télé, ça sera des petits bonbons ! Le projet de création et d’écriture du spectacle familial Stardust à la pyramide PY1 est arrivé naturellem­ent et me comble de bonheur! Il rassemble tout ce que je suis. Je garde mon nom d’artiste et la mise en scène est signée Annie Brocoli. C’est mon nom et je l’aime. Il fait partie de moi.

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