Le Journal de Quebec - Weekend

JACQUES BOULANGER

- AGNÈS GAUDET agnes.gaudet @quebecorme­dia.com

Avec une assurance toute naturelle, il a animé une kyrielle d’émissions de variétés au cours de ses 53 ans de carrière, dont l’unique Boubou. Il a reçu sur ses plateaux les grands du show-business et chanté avec les Jeanne Moreau et Nana Mouskouri de ce monde, après le succès fou du duo Le sable et la mer, avec Ginette Reno. Et tout ça en direct, sans filet, devant des milliers de téléspecta­teurs, parfois jusqu’à 2 millions d’entre eux. Le plus zen des animateurs de variétés ne se prédestina­it pourtant pas à une telle carrière, lui l’adolescent révolté, qui ne croyait en rien ni personne, et qui voulait devenir psychiatre ou chirurgien.

Vous fréquentie­z le cours classique, mais êtes devenu animateur à la radio CHRC de Québec à l’âge de 18 ans et demi. Que s’est-il donc passé?

J’étais allé aux auditions avec mes chums pour avoir du fun, mais je n’étais pas intéressé. C’était très compliqué, ils nous demandaien­t de présenter des artistes ad lib et ils testaient nos connaissan­ces générales en musique classique, en opéra. Moi, je connaissai­s tout ça, parce que ma mère était pianiste et elle m’emmenait voir des opéras. Mes chums n’ont pas été retenus, mais on m’a offert de faire de la radio pour l’été. Ma vie a basculé en l’espace d’un weekend. Ils me donnaient 45 $ par semaine, c’était peu, mais assez d’argent de poche pour pouvoir aller au cinéma tous les jours. Et j’adorais le cinéma !

Vous êtes resté 5 ans à CHRC, puis Radio-Canada est venu vous chercher, n’est-ce pas?

Oui. J’étais à la discothèqu­e de CHRC quand Miville Couture [pionnier de RC] m’a téléphoné. Il voulait me rencontrer pour Montréal. J’étais surpris. J’étais le plus jeune. Je n’avais que 22 ans. Mais, j’ai dit oui. J’ai pris le train avec ma petite valise. Je n’étais jamais allé à Montréal de ma vie. J’ai atterri sur la rue du Fort, près du Forum et j’ai vu un grand appartemen­t à louer au coin de De Maisonneuv­e. Je l’ai loué pour moi tout seul.

Ç’a été le début d’une grande aventure ?

Oui. Ce n’est pas possible tout ce que j’ai animé ! D’abord à la radio, puis la télévision est venue me chercher d’un coup sec. Il y a eu bien sûr Boubou dans l’métro. Radio-Canada voulait se rapprocher du grand public et on avait obtenu la permission du maire Jean Drapeau d’animer dans une station de métro, tout près des rampes. Toute l’équipe était engagée, un chef d’orchestre, des musiciens. On avait bâti un décor très mignon. Mais à trois semaines d’entrer en ondes, le maire a tout annulé, parce que tout le monde voulait soudaineme­nt un show dans le métro. On a eu un meeting d’urgence et on a conclu qu’on allait faire l’émission dans un centre d’achat, mais tous les centres d’achat ont refusé par crainte d’une baisse des ventes. Sauf les Galeries d’Anjou ! Ç’a été le plus gros hit de la télé le midi. On s’est rendu jusqu’à 2 millions de téléspecta­teurs. Du jamais vu pour les années 1970!

Vous animiez en direct et tout semblait sans stress. Était-ce le cas?

Tout à fait. C’était facile pour moi. J’animais comme je recevais les amis à la maison. Quand je cuisine pour les amis, je n’ai pas le trac. C’était la même chose à la télé. Je ne réalisais pas qu’il y avait des milliers de téléspecta­teurs qui regardaien­t. J’ai été le premier animateur « super détendu ».

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Chaque semaine Le Journal retrouve des artistes qui ont connu la gloire, mais qu’on voit moins depuis quelques années. On ne les a pas oubliés pour autant…
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