Le Journal de Quebec - Weekend

LE PETIT MIRACLE DES BEATLES

Considéré par plusieurs comme le chef-d’oeuvre des Beatles, l’opus Abbey Road, qui fête ses 50 ans, a été construit par un groupe qui n’en était plus un et qui était sur le point d’imploser.

- YVES LECLERC Le Journal de Québec yves.leclerc@quebecorme­dia.com

Onzième album studio du Fab Four et premier à être enregistré en mode stéréo, Abbey Road a été lancé le 26 septembre 1969, quelques semaines après le mythique festival Woodstock.

Enregistré durant l’été, il s’agit du dernier album où les Harrison, Lennon, McCartney et Starr ont mis leur talent en commun.

Le disque Let It Be, lancé huit mois plus tard, est constitué de chansons enregistré­es avant celles d’Abbey Road.

Les Beatles vivaient à ce moment-là une période difficile.

« Les séances d’enregistre­ment pour l’album Get Back, qui est devenu Let

It Be, ne s’étaient pas bien déroulées et tout avait été mis sur la glace. Paul McCartney n’était pas d’accord que George Harrison, John Lennon et Ringo Starr soient représenté­s par le même gérant. L’unanimité n’existait plus. Le quatuor avait aussi perdu la propriété de ses chansons. Ils avaient bien des raisons d’être frustrés, mécontents et de vouloir lancer la serviette », a expliqué Gilles Valiquette, spécialist­e du groupe britanniqu­e, lors d’un entretien.

30 MILLIONS D’EXEMPLAIRE­S

Paul McCartney a contacté le réalisateu­r George Martin pour suggérer que les Beatles fassent un disque comme avant. Le cinquième Beatle accepte, mais à condition de réaliser le tout à sa façon et que John Lennon soit d’accord.

« Lorsque les Beatles se mettaient ensemble pour faire de la musique, le reste n’existait plus. Ils tombent dans leur bulle créatrice et il n’y a rien pour les battre. Il y a une synergie qui se développe », a fait remarquer l’auteur, compositeu­r et interprète.

Les Come Together, Something, Oh ! Darling, I Want You (She’s so Heavy), Here Comes the Sun, Because et le medley de huit chansons ont séduit les amateurs de musique.

L’album, avec cette célèbre pochette où les quatre musiciens traversent un passage piétonnier, a été numéro un aux États-Unis et au Royaume-Uni et s’est vendu à 30 millions d’exemplaire­s.

Un petit miracle qui s’est accompli malgré les circonstan­ces difficiles et l’omniprésen­ce de Yoko Ono, qui commentait ce que le quatuor faisait.

UN LIT DANS LE STUDIO

Un lit avait même été installé dans le studio, à la demande de John Lennon, pour que Yoko Ono, enceinte, puisse se reposer à la suite d’un accident de voiture survenu le 1er juillet 1969. Ce qui était loin de faire l’affaire du groupe qui refusait l’accès au studio à leur gérant, lorsqu’ils travaillai­ent.

Gilles Valiquette précise qu’on ne savait pas, à cette époque, que le groupe était sur le point d’imploser.

« Il y a eu des rumeurs tout au long de leur carrière. Surtout après la fin de leur dernière tournée, en 1966, où l’on parlait d’une séparation. Les projets solos qui ont suivi ont alimenté le tout. On extrapolai­t sur les dissension­s, mais il y avait toujours quelque chose de positif qui sortait. On en prenait et on en laissait. On n’en faisait pas trop de cas », a-t-il fait savoir.

John Lennon a quitté le groupe à la sortie de l’album Abbey Road. Un an plus tard, Paul McCartney partait à son tour. La fin des Beatles était alors confirmée.

« George Harrison a raconté qu’il sentait que le quatuor, avec cet album, était rendu à la fin de quelque chose. La dernière chanson, The End, n’était pas là par coïncidenc­e », a fait remarquer Gilles Valiquette.

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