Le Journal de Quebec - Weekend
LUC PICARD DANS LA PEAU D'UN TUEUR
Premières images du tournage du film Gallant
Luc Picard ne s’en cache pas : en se glissant dans la peau du tueur à gages Gérald Gallant pour son prochain film qu’il tourne depuis deux semaines, l’acteur et réalisateur relève l’un des plus grands défis de sa carrière : « C’est une très grosse commande », confiet-il au Journal.
Cette « grosse commande », c’est en quelque sorte Luc Picard lui-même qui se l’est imposée. Le producteur Christian Larouche ( Louis Cyr) l’avait d’abord approché pour lui offrir la réalisation du film. Mais l’acteur a tellement été intrigué par le personnage de Gallant qu’il a voulu l’incarner lui-même à l’écran.
« Je suis vraiment tombé en amour avec ce personnage », explique Picard, rencontré la semaine dernière sur le plateau de tournage de Gallant : Confessions d’un tueur à gages.
« C’est une composition hallucinante à faire. Et je ne le cache pas, c’est un énorme défi. Mais en même temps, c’est ça qu’on cherche quand on est acteur. »
Lors de notre visite sur le plateau, Luc Picard venait d’amorcer la troisième journée de tournage du long métrage, dans un quartier résidentiel de la ville de Sainte-Catherine, sur la Rive-Sud de Montréal.
Deux jours plus tôt, il avait lancé le tournage en s’attaquant à l’une des scènes les plus violentes du film : un double assassinat dans un bar.
« J’aime ça, commencer avec des scènes qui donnent le ton au film, explique Picard. Pour L’audition [son premier film comme réalisateur], j’avais commencé le tournage avec une scène d’accident de voiture. Ce sont des scènes plus techniques pour lesquelles on doit beaucoup se préparer. Ça fait en sorte que l’équipe est sur le qui-vive dès le premier jour. »
LE PARADOXE GALLANT
Écrit par Sylvain Guy ( Détour), le scénario de Confessions d’un tueur à gages s’inspire du livre du même titre, publié aux Éditions du Journal en 2015, qui retraçait le parcours de Gérald Gallant, l’un des pires tueurs à gages de l’histoire du Québec.
Gallant a admis avoir commis 28 meurtres et 12 tentatives de meurtres entre 1972 et 2003, alors qu’il travaillait pour le compte des Rock Machine, le groupe de motards jadis ennemis jurés des Hells Angels.
Le livre, qui s’est vendu à plus de 15 000 exemplaires, s’appuie sur un long travail d’enquête mené par les journalistes du
Journal Éric Thibault et Félix Séguin, à partir de milliers de pages de rapports de police, d’une cinquantaine d’heures d’interrogatoires du tueur et de déclarations de témoins.
Le producteur Christian Larouche avait acquis les droits d’adaptation du livre peu de temps après sa publication. « Le livre a servi de base [pour l’écriture du scénario], mais comme on voulait aller dans l’intimité des personnages, il a aussi fallu faire travailler notre imagination, souligne Luc Picard. On ne pouvait pas savoir comment il était dans son quotidien avec sa femme, par exemple. « Gallant est un personnage très paradoxal. Il avait sa vie très rangée à Donnacona. Il a même déjà appelé la police pour se plaindre que le monde roulait trop vite dans les rues de son quartier. Mais en même temps, il a quand même tué 28 personnes... »
« Cela dit, je n’ai pas la prétention de montrer le vrai Gallant. C’est impossible de faire ça. Je le vois dans ma tête, mais comme je n’ai pas pu le rencontrer [Gallant est toujours détenu avec d’autres délateurs dans une prison dont l’endroit est gardé secret pour ses raisons de sécurité, NDLR], il a fallu laisser une place à l’imagination. »
Dans son interprétation de Gallant, Picard veut aussi éviter de tomber dans le piège de l’imitation.
« Par exemple, Gallant souffrait d’un bégaiement. Je le fais dans mon interprétation, mais souvent je vais travailler mes scènes avant sans le bégaiement pour pas trop mettre l’accent là-dessus. Je me souviens que quand je jouais Michel Chartrand [dans les séries
Chartrand et Simonne et Simonne et Chartrand], je n’étais pas tant Chartrand que ça au début. Plus le tournage avançait, plus Chartrand a pris sa place. Je suis conscient que le danger, c’est de devenir une coquille vide en se concentrant trop sur la gestuelle du personnage. J’essaie d’éviter ça pour vraiment incarner le personnage. »
GALLANT : CONFESSIONS D’UN TUEUR À GAGES