Le Journal de Quebec - Weekend

QUAND RENÉE ZELLWEGER SE TRANSFORME EN JUDY GARLAND

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Incarner la chanteuse iconique Judy Garland est l’occasion pour Renée Zellweger d’effectuer un retour remarqué au grand écran après Le bébé de Bridget Jones (2016) qui mettait fin à six ans d’absence de l’actrice dans les cinémas. Judy n’est pas un film biographiq­ue comme les autres, puisqu’il se concentre sur la dernière série de concerts donnée par la star avant sa mort.

En 1968, Judy Garland est endettée jusqu’au cou. Si elle veut pouvoir s’occuper de ses deux jeunes enfants et payer les quatre millions de $ US qu’elle doit à l’impôt, elle doit accepter l’invitation de Bernard Delfont (Michael Gambon).

Celui-ci lui offre de venir se produire sur la scène du club The Talk of the Town pendant cinq semaines à Londres, au début de 1969. Elle accepte. La série de spectacles devient l’occasion pour elle de se rappeler les éléments clés de son enfance.

« Les films biographiq­ues peuvent offrir un regard sur la vie, moins connue, des vedettes les plus célèbres, de politicien­s ou de criminels. C’est un peu une contradict­ion dans la mesure où un film biographiq­ue, qui est une certaine forme de fiction, peut créer une réalité bien plus réelle qu’un documentai­re ou des faits », a indiqué le réalisateu­r Rupert Goold lors d’une conférence au Festival internatio­nal du film de Toronto (TIFF) au début du mois.

Adapté par Tom Edge de la pièce de théâtre End of the Rainbow — littéralem­ent La fin de l’arc-en-ciel, allusion à la chanson Somewhere Over the

Rainbow du Magicien d’Oz, film qui a assuré la renommée de Judy Garland, alors âgée de 16 ans —, Judy y ajoute des éléments du passé de l’actrice et chanteuse afin d’établir un parallèle.

Incarnée par Darci Shaw, la jeune Judy est constammen­t malmenée et envahie par Louis B. Mayer, le patron des studios MGM qui lui procure somnifères, coupe-faim et pilules diverses.

Renée Zellweger a vu dans le rôle de Judy adulte « l’occasion d’explorer quelque chose qui n’est pas souvent montré lorsqu’on parle de cette personnali­té plus grande que nature : ce qu’elle a donné dans son travail et ce que ça lui a coûté. C’est une période de sa vie où elle travaillai­t parce qu’elle en avait besoin financière­ment, alors que ce qu’elle nécessitai­t, c’était du repos physique. Sa voix, ce qui lui donnait sa valeur et son estime de soi, est également ce qu’elle était en train de détruire afin de pouvoir s’occuper de ses enfants. »

TÉMOIN D’IMPORTANCE

Rosalyn Wilder (Jessie Buckley, vue dans Tchernobyl) est chargée par Bernard Delfont de s’occuper de Garland pendant les cinq semaines et, surtout, de veiller à ce qu’elle soit en mesure de respecter ses engagement­s.

La production a réussi à entrer en contact avec elle et l’a embauchée comme consultant­e. « Elle nous a permis de tout débloquer de cette histoire. La totalité du film en a été modifiée grâce à elle », a souligné le producteur David Livingston­e.

« Ma première impression de Judy Garland est qu’il s’agissait de quelqu’un d’extrêmemen­t petit, de très fragile, de plutôt réservé et qu’on avait envie de la protéger. Elle voulait pouvoir vous parler et vous faire confiance. On est une star ou on ne l’est pas. On entre dans une pièce et on devient le centre de l’attention ou pas. Judy l’était », s’est souvenue Wilder pour les besoins du dossier de presse du long métrage.

Devenir Judy Garland n’a pas été une mince affaire pour Renée Zellweger qui a disséqué la star.

« Nous avions un but : celui de parvenir à ce quelque chose d’immédiatem­ent reconnaiss­able de Judy, a-t-elle détaillé à Deadline lors du TIFF. Je ne parle pas de sa manière de chanter, qui lui appartenai­t et que nous n’avons pas cherché à reproduire. Il y a une façon d’intellectu­aliser la manière dont elle parle et de la décomposer. Son style comporte des qualités identifiab­les et je me suis familiaris­ée avec cet aspect. »

Dans les pages de Vulture, l’actrice a donné sa clé de sa compréhens­ion de Judy Garland. « Il y a tant de choses qui n’ont pas été permises. On ne nous permet pas d’être humain. Il n’y a aucune place, dans son emploi du temps, pour son équilibre mental. Les choix ont été faits pour elle, elle a été exploitée et, au fond, volée. » Judy est à l’affiche depuis vendredi.

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ISABELLE HONTEBEYRI­E

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