Le Journal de Quebec - Weekend

JOKER L’ENNEMI DE BATMAN SE RÉINVENTE

- ISABELLE HONTEBEYRI­E

Gagnant, à la surprise générale, du Lion d’or à la Biennale de Venise, Joker est une nouvelle itération de l’adversaire iconique de Batman. Incarné par Joaquin Phoenix sous les ordres de Todd Phillips — qui cosigne le scénario avec Scott Silver et qui est à l’origine de la trilogie Lendemain de veille —, le Joker n’a aucun lien avec les longs métrages de DC. Pleins feux sur l’un des longs métrages les plus attendus de l’automne…

Arthur Fleck (Joaquin Phoenix) est un humoriste tentant de percer, tout en exerçant son métier de clown pour vivre. Malheureus­ement pour lui, rien ne fonctionne comme prévu, et il se transforme en Joker.

Todd Phillips, qui a commencé à écrire le scénario en 2016, a dit, lors de la conférence de presse de présentati­on à Venise, avoir apprécié « la liberté dont nous disposions puisqu’il n’existe pas vraiment d’histoire de l’origine du Joker dans les bandes dessinées. Cela a été libérateur, car il n’y avait ni règles ni limites. Scott [Silver, le coscénaris­te, NDLR] et moi poussions tous les jours pour trouver des choses de plus en plus folles. »

AUCUNE RÉFÉRENCE

De fait, Joaquin Phoenix ne s’est inspiré d’aucun traitement antérieur. « Je ne me suis référé à aucune itération du personnage. J’avais l’impression qu’il était notre création. »

Par contre, il a tenu à développer sa propre vision en collaborat­ion avec Todd Phillips dans les huit mois qui ont précédé le début du tournage.

« Oui, j’avais identifié Arthur comme une personnali­té précise. Mais je voulais aussi disposer de la liberté de créer quelqu’un qui ne soit pas identifiab­le puisqu’il s’agit d’un personnage de fiction.

Je ne voulais pas qu’un psychiatre soit capable d’identifier sa personnali­té. Nous voulions avoir la marge de manoeuvre nécessaire afin de développer ce que nous souhaition­s. »

Loin des longs métrages à grand déploiemen­t de DC ou Marvel — tant Phillips que Phoenix ont refusé les avances des gros studios —, le cinéaste a souhaité revenir au « développem­ent de la psychologi­e des personnage­s qu’on voyait dans tant de films des années 1970 », citant des oeuvres telles que Chauffeur de

taxi, Raging Bull ou encore Vol au-dessus d’un nid de coucou, rappelant à quel point Joker avait été difficile à faire, les studios DC n’ayant pas été spontanéme­nt convaincus de l’intérêt du projet.

MODELER SON CORPS

Pour devenir le Joker, Joaquin Phoenix a perdu 24 kg (52 lb) et a développé son rire tout en plongeant dans son personnage pendant huit mois.

« Ce qui m’a séduit du personnage est qu’il est extrêmemen­t difficile à définir, a confié l’acteur. Nous nous en approchion­s, parfois. Je m’apercevais, de temps en temps, que je pouvais m’identifier à certains aspects de sa personnali­té ou de ses motivation­s, mais je m’en éloignais ensuite afin de préserver un certain mystère. »

« À travers le tournage, j’ai eu l’impression que nous découvrion­s quelque chose de nouveau tous les jours, tant des aspects du personnage que des traits de sa

personnali­té. Et ce, jusqu’au tout dernier jour de tournage. »

Todd Phillips, qui avait donné à Joaquin Phoenix un carnet de notes, sorte de journal intime à remplir durant le tournage, l’a aidé à composer des rires cohérents avec leur vision commune du Joker. Il en a identifié trois, développés par l’acteur.

« Il y a le rire de joie réelle et authentiqu­e, lorsqu’il est comme tout le monde, et un rire d’affliction. [Je voulais dans ce cas un rire] qui soit presque douloureux, comme une partie de lui qui essaye d’émerger à la surface. C’était intéressan­t puisque nous tenons tous pour acquise la sonorité du rire du Joker. »

LA VIOLENCE

Le personnage du Joker est toujours synonyme de violence, et Todd Phillips n’a pas cherché à éluder la question. Par contre, il a tenu à mettre un bémol, à atténuer les perception­s.

« La violence dans le film a toujours été pensée comme une montée lente. Les gens tiennent pour acquis et pensent que Joker est un film très violent. Chacun est affecté différemme­nt. On peut regarder un long métrage comme

John Wick 3 et trouver qu’il est beaucoup plus violent ».

« Nous avons essayé de peindre la violence de la manière la plus réaliste possible, de manière que lorsqu’elle est montrée, on la ressente comme un coup de poing dans l’estomac. Tout est une question d’équilibre. »

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ?? Joker crée l’événement au cinéma dès le 4 octobre.
Joker crée l’événement au cinéma dès le 4 octobre.

Newspapers in French

Newspapers from Canada