Le Journal de Quebec - Weekend

TÉLÉVISION

JOUER SOBREMENT LA SCHIZOPHRÉ­NIE

- MARIE-JOSÉE R. ROY Agence QMI

Ni un «freak show», ni un conte de Walt Disney. Voilà comment Anne Boyer et Michel d’Astous décrivent leur nouvelle série Mon fils, qui amènera son lot de scènes-chocs, mais pas caricatura­les, promet-on, sur Club illico à compter du 12 mars 2020.

En ce sens, Antoine L’Écuyer, qui personnifi­e le jeune Jacob de l’âge de 18 à 22 ans dans le récit, a été bien outillé pour rendre adéquateme­nt à l’écran les multiples tempêtes que traversera le garçon en raison de son état.

Au même titre que les auteurs ont consulté psychiatre­s et psychologu­es pour guider l’écriture de Mon fils, L’Écuyer a échangé à plusieurs reprises avec le psychiatre émérite Pierre Lalonde, spécialisé dans la schizophré­nie chez les moins de 30 ans, a-t-il confié à l’Agence QMI lors d’une visite de plateau qui s’est tenue au début du mois, à Longueuil.

« J’aurais pu me payer le trip de “jouer un fou”, a noté le comédien. Mais la production a bien encadré le travail de recherche. Je parle avec des spécialist­es, qui m’expliquent bien comment se passe une crise, une psychose. Ça va parler à des gens qui ont cette maladie. C’est vraiment plus proche de nous qu’on pense. Chaque personne connaît au moins une personne qui est touchée de près ou de loin par la schizophré­nie. »

« C’est une souffrance innommable. Ça prend beaucoup d’humilité à un acteur pour aller là-dedans sans faire un show », a renchéri Élise Guilbault, dont le personnage de la maman, Marielle, luttera de toutes ses forces pour soutenir sa progénitur­e envers et contre tout dans son apprivoise­ment de la maladie.

PAS UNE « BIBITTE »

« C’était important : on ne voulait pas une “bibitte” à laquelle on ne pourrait pas s’identifier, a précisé Michel d’Astous au sujet de Jacob. Au départ, on le sent fragile, dans une position de grande détresse, mais on ne voulait pas le camper dans un milieu complèteme­nt défavorisé ou dysfonctio­nnel, comme le veut souvent le cliché. »

« La thématique était très artistique. Comment tu illustres une psychose, la maladie mentale ? J’ai fait beaucoup de recherches, vu des films qui en traitaient, regardé des photos psychédéli­ques. J’avais un souci de réalisme », a relaté de son côté Mariloup Wolfe, réalisatri­ce, dont le père est psychiatre, et qui a pu visiter des institutio­ns psychiatri­ques pour mieux orienter son travail.

INIMAGINAB­LE

Lorsque s’ouvrira Mon fils, on fera donc la connaissan­ce d’un Jacob jusqu’alors « parfait », sportif et populaire auprès des filles.

Ses parents, Marielle et Vincent (Patrice Godin), sont séparés depuis environ deux ans lorsque la schizophré­nie se déclare chez Jacob. On comprendra que le départ du papa, additionné à une consommati­on de drogues (cannabis, amphétamin­e), a peut-être un rôle à jouer dans l’état de l’adolescent, lequel aura également des répercussi­ons sur sa soeur de 16 ans, Laurence (Émilie Bierre), son amoureuse et ses amis.

On fera en outre la rencontre du personnel hospitalie­r qui prendra soin de Jacob à l’aile psychiatri­que, où résidera notamment un patient incarné par René Richard Cyr.

Le jeune adulte traversera toutes les étapes pouvant secouer l’existence d’une personne schizophrè­ne: le déni, la peur d’être « repéré », le refus de se médicament­er, les rechutes. Mon fils soulèvera même l’aspect juridique que peut entraîner un tel drame, en posant la question : peut-on forcer quelqu’un à recevoir des soins malgré lui ?

« Quand tu te retrouves avec ton enfant à la cour, et que tu risques de le perdre à jamais, parce qu’il peut le prendre comme une énorme trahison, tu ne peux pas croire que tu te rends aussi loin. Et le jour où tu appelles la police parce que tu considères que tu n’es plus en sécurité dans ta maison… Quand tu as des enfants, ce n’est pas le scénario que tu imagines », a analysé Michel d’Astous.

On sait déjà que l’intrigue sera conclue au bout de ces six heures en montagnes russes, ce qui fait de Mon

fils la fiction la plus courte jamais écrite par le tandem Boyer-d’Astous, à qui on doit aussi, entre autres, L’heure

bleue, Nos étés et Yamaska, et qui produit avec sa boîte Duo Production­s.

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Antoine L’Écuyer, Mariloup Wolfe, Patrice Godin, Émilie Bierre et Élise Guilbault

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