Le Journal de Quebec - Weekend
L’AUTRE CÔTÉ DE LA MÉDAILLE
On n’a pas souvent entendu parler de ces Américains qui, à l’approche de la Seconde Guerre mondiale, ont décidé d’aller s’installer en URSS. Cette impressionnante saga romanesque le fait.
Florence Fein, une jeune Newyorkaise de Brooklyn, rêve de pouvoir donner un sens à sa vie. Avec la Grande Dépression qui vient de s’abattre sur le pays, elle est donc déjà très chanceuse d’avoir trouvé un emploi à la Mission commerciale soviétique.
Car Florence parle un peu le russe, et grâce à ça, elle sera chargée de jouer les interprètes auprès d’un groupe d’ingénieurs soviétiques de passage aux États-Unis.
Mais là, bing ! Elle tombera follement amoureuse de l’un d’eux et en 1934, malgré tout ce que feront ou diront ses parents pour la retenir, elle montera à bord du Bremen afin de se rendre à Magnitogorsk, la ville industrielle de l’Oural où habite l’élu de son coeur.
DANS L’OEIL DU CYCLONE
Comme le roman passe sans cesse d’une époque à l’autre ou d’un personnage à l’autre — on finit par s’y faire, promis! —, on comprendra assez vite que Florence ne l’a vraiment pas eu facile en Union soviétique, les purges staliniennes ayant fini par la toucher de près. Pareil pour son fils Julian (ou Ioulik) qui, dès que ça sera possible, filera s’installer en Amérique.
L’intérêt de ce livre, c’est qu’il revient sur un épisode particulier de la guerre froide : le sort de tous les Américains qui, à l’instar de Florence, ont eu la riche idée de troquer leur vaste pays de liberté contre un régime favorisant appartements collectifs, répression, dénonciations, exils et goulags. Et racontées sous forme de saga familiale, ces ternes pages de l’Histoire n’ont absolument rien d’ennuyeux. Au contraire.