Le Journal de Quebec - Weekend
DIFFICILE RETOUR D’EXIL
Après avoir connu beaucoup de succès avec son premier roman, L’Allégorie des truites arc-en-ciel, Marie-Christine Chartier propose une nouvelle histoire qui montre à quel point certaines décisions déchirantes peuvent ébranler la fondation d’un couple, même si l’amour est bien présent. Tout comme les
tortues, son nouveau roman, traite d’exil, d’amours pas terminés, de mauvais timing, d’histoires à régler.
Amis depuis leur enfance vécue dans le Bas-Saint-Laurent, Samuel et Ariane sont devenus amoureux à l’adolescence. Au début de la vingtaine, ils ont dû faire face à une situation difficile qui les a déchirés. Bouleversée, Ariane a fui en Amérique du Sud, où elle a cherché à oublier Sam.
Sam, de son côté, s’est refait une vie avec une fille douce et conciliante, Anaïs, prête à tout pour lui. Mais lorsqu’Ariane rentre au pays, la situation se complique. Sam et Ariane se doivent des explications et font face à la réalité. Pas évident, surtout pour Anaïs, qui se doute bien qu’elle ne pourra jamais remplacer Ariane.
« J’ai eu le flash d’une fille qui revient, d’une histoire pas finie… Quand les amours finissent, mais ne finissent pas vraiment, comment on fait cette coupure? » commente Marie-Christine, qui a réalisé, en cours d’écriture, qu’elle avait écrit un roman à l’opposé du premier. « Dans L’Allégorie des truites arc-en
ciel, il y avait un message d’espoir : si on s’aime assez fort, on peut surmonter à peu près tout… Dans celui-là, j’ai fait la contrepartie : parfois, la vie se met un peu dans notre chemin, même si on s’aime énormément. Il y a parfois des forces, des situations qui sont plus fortes que nous. Il y a quand même un message d’espoir, mais il est différent. » LE FAMEUX TIMING
Le roman traite beaucoup de l’ingratitude des relations, des rencontres qui se font au mauvais moment, des relations à sens unique où l’un donne beaucoup, mais reçoit peu.
« Je pense que ça parle beaucoup de timing. J’ai toujours pensé que c’est primordial, dans les relations. On peut rencontrer des gens qui seraient parfaits pour nous, dans 10 ans ou dans 5 ans, mais au moment où on les rencontre, ça ne fonctionne pas. C’est ingrat, parfois. »
Marie-Christine ajoute que chaque personne peut explorer différentes relations et se retrouver éventuellement dans chacun des personnages du roman.
« On peut avoir été la personne qui a beaucoup à donner et qui ne reçoit pas grand-chose en retour. On peut avoir été la personne qui n’a rien à donner pour le moment. On peut avoir été la personne qui fuit. Ce qui est cool avec ce roman, c’est qu’il y a trois personnages, et on peut se reconnaître dans les trois et avoir vécu ça dans nos relations, dans nos vies. » SITUATIONS DIFFICILES
Ariane et Samuel sont confrontés, très jeunes, à des situations difficiles. « Ils vivent des dilemmes par rapport à des choix de vie qu’ils doivent faire. Ça leur arrive vraiment jeune, mais ce sont des situations auxquelles on peut être confronté et qui peuvent nous déchirer, qu’on soit plus jeune ou plus vieux. »
Marie-Christine précise que son roman n’est pas autobiographique, même si elle a vécu six ans aux États-Unis avant de revenir au Québec.
« Il y a des petites parties de moi dans chacun des personnages, et j’ai repensé à certaines relations que j’ai eues dans ma vie. En relisant des passages qui concernent Anaïs, je me voyais en elle aussi. Ce n’est pas ma vie, mais elle a éprouvé des sentiments et j’ai réalisé que c’était moi, à une certaine partie de ma vie. »
Ancienne athlète de haut niveau en tennis, Marie-Christine Chartier a vécu six ans aux États-Unis après l’obtention d’une bourse d’études pour la Iowa State University.
Elle fait son doctorat en psychopédagogie à l’Université Laval.
Elle a connu beaucoup de succès avec son premier roman, L’Allégorie des truites arc-en-ciel.