Le Journal de Quebec - Weekend

TOUT FEU, TOUT FLAMME

- RAPHAËL GENDRON-MARTIN Le Journal de Montréal raphael.gendron-martin @quebecorme­dia.com Martin Petit présentera Pyroman les 15, 18 et 19 octobre, à l’Olympia de Montréal. Il sera aussi à la Salle Albert-Rousseau de Québec, le 11 novembre. Pour toutes les

Martin Petit a attendu neuf ans avant de présenter un nouveau spectacle solo. Construit patiemment au Bordel Comédie Club, dont il est l’un des copropriét­aires, Pyroman continuera d’évoluer au fil de la tournée. « C’est le souci de rester pertinent », mentionne l’humoriste qui vient de fêter ses 51 ans.

En 2010, Martin Petit avait reçu des critiques élogieuses pour son troisième spectacle solo, Le micro de feu. Comme pour ses deux one-man-shows précédents, il allait remporter l’Olivier du spectacle de l’année, quelques mois plus tard.

Après une parenthèse de cinq ans pour la série Les Pêcheurs, Petit s’est remis à l’écriture d’un quatrième spectacle. En neuf ans, depuis la sortie de son spectacle précédent, beaucoup de choses avaient changé. Le plus gros changement dans sa vie personnell­e? L’éducation de ses deux garçons, Émile, 12 ans, et Achille, 10 ans. « Au moment de la sortie du Micro de

feu, je venais d’avoir mes enfants, dit l’humoriste. Là, je les ai élevés. C’est vraiment l’expérience la plus transforma­nte que j’ai vécue dans ma vie. C’est du bon engrais pour un show. Ça ne veut pas dire que je parle de ça. Ce n’est pas un show d’anecdotes d’enfants dont tout le monde se fout (rires)! Mais c’est un engrais. Ce qui est intéressan­t, c’est comment ça transforme. Les enfants ne savent pas à quel point ils transforme­nt les gens autour d’eux. »

LA GAME A CHANGÉ

En 2010, la façon de construire un spectacle d’humour était encore basée sur le modèle traditionn­el. Un humoriste écrivait généraleme­nt de deux à trois heures de contenu et il allait roder tout le texte en même temps, dans différente­s salles à travers la province. Avec la création du Bordel Comédie Club et des dizaines de soirées d’humour qui ont vu le jour un peu partout, la façon de travailler a complèteme­nt changé.

« Avant, je pouvais aller à Montmagny, roder mon spectacle au complet et recevoir ensuite 14 notes de mon metteur en scène, se souvient Martin. Maintenant, je n’ai plus à attendre deux mois avant de savoir si ce que j’écris est drôle ou non. Le Bordel, ç’a changé la game en humour. On utilise énormément cet outil-là. »

Quand François Bellefeuil­le a approché d’autres amis humoristes [Martin Petit, Louis-José Houde, Laurent Paquin, Mike Ward, Charles Deschamps] pour lancer un comédie club à Montréal, Martin Petit ne pensait jamais que ce nouvel endroit aurait un impact sur sa propre carrière.

« Tu ne peux pas voir ça venir, dit-il. C’est comme si on était des joueurs de hockey, qu’on achetait un aréna et qu’on pouvait aller y jouer quand on veut. Forcément, ça va t’aider. Les gars, on est constammen­t là. »

MICROCHIRU­RGIE

Parce qu’il s’était longtemps éloigné de la scène, pour travailler sur sa série télé, Martin Petit a ainsi pris la petite salle du Bordel comme un laboratoir­e pour son nouveau spectacle.

« J’ai fait de la microchiru­rgie, dit-il. Pour Le micro de feu, je me souviens que j’avais enlevé d’un coup un bout de 25 minutes après un spectacle de rodage. J’avais fait subir ça à des gens! Avec le Bordel, tu ne peux pas errer dans les limbes du pas drôle pendant 25 minutes. »

Durant l’écriture de Pyroman, l’humoriste a mis sur papier ce qui l’inspirait à la semaine. Et il est allé tester presque instantané­ment ces nouvelles blagues au Bordel.

« Je ne suis pas resté dans la théorie longtemps, dit-il. Je suis tombé tout de suite dans la pratique. Mon travail a été de remettre ça dans un ordre cohérent. Je l’ai écrit un peu comme un premier

one-man-show, qui est souvent le résultat de plusieurs années de collage. »

Dans ce quatrième spectacle solo, il parle notamment de la pression que vivent les jeunes parents. « Ils vivent l’angoisse par rapport à l’avenir, dit-il. Et l’angoisse se communique tellement mieux sur les réseaux sociaux que le contraire. Tu fais rarement un appel au calme sur les réseaux sociaux. Ceux qui sont très connectés, ça procure un sentiment qui peut être anxiogène. »

La présence des réseaux sociaux dans nos vies, voilà une réalité qui n’était pas encore si présente en 2010. « Après dix ans, c’est intéressan­t d’en parler, dit l’humoriste. On peut commencer à avoir des bilans. »

Même si son spectacle précédent s’appelait Le micro de feu et que le nouveau s’intitule Pyroman, il ne faudrait pas trop y voir une thématique « enflammée ». « Je ne pense pas que

Le micro de feu racontait l’histoire du feu (rires). Mais il y a quelque chose dans l’énergie et dans la mise en scène que j’ai faite moi-même. Je me suis même fait faire un petit bâton de dynamite en micro sur mesure! »

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