Le Journal de Quebec - Weekend
NOTES INSPIRÉES SUR LE JAZZ
Entre les frasques de Chet Baker, les luttes contre le racisme ambiant de Billie Holiday et les innovations musicales de Miles Davis, le journaliste culturel et animateur Stanley Péan raconte quelques pans de la vie jazzée des icônes de ce genre musical dans son nouvel essai, De préférence la nuit.
Sur un ton très personnel, l’auteur examine, raconte, commente les trajectoires de vie particulières de ces créateurs qui ont bouleversé l’univers musical.
Il parle entre autres des échos musicaux créés par la lutte pour les droits civiques des Afro-Américains dans les années 1960 et fait de nombreuses références à la littérature et au cinéma.
Les vies des trompettistes Bix Biederbecke, Chet Baker, « l’ange déchu du cool jazz », Lee Morgan, Miles Davis et autres figures marquantes du jazz n’avaient rien de linéaire.
Leurs quêtes, leurs luttes, leurs déboires, leurs frasques même, ont alimenté la chronique, tout comme leur musique.
FIGURES FASCINANTES POUR LUI
« Ce sont d’abord et avant tout des figures qui me fascinaient. Chet, autant je peux aimer certains de ses disques, que je considère comme géniaux, autant c’est une sorte de brute épaisse. C’était pas un type sympathique, malgré son image de dernier amant romantique… Je trouvais difficile de réconcilier sa musique, tellement délicate, à ce type tellement brutal, un peu con, même. J’avais déjà vu le documentaire de Bruce Weber, Let’s Get Lost, et tout d’un coup est sorti le film de Robert Budreau, qui avait tendance à idéaliser Chet, comme si on devait s’apitoyer sur son sort. Je ne trouve pas qu’on devrait s’apitoyer sur son sort. »
Le fil conducteur du livre, ajoute-til, est ceci : qu’est-ce qu’on dit du jazz, qu’est-ce qu’on dit des artisans du jazz, à travers d’autres formes artistiques, que ce soit le cinéma, la littérature, le théâtre, la chanson populaire?
Stanley Péan a une fascination pour la période des années 1950 aux années 1970. « C’est la période où étaient en activité mes musiciens préférés, notamment Miles Davis, qui est mon préféré, toutes catégories confondues. Mais je trouve à aimer des trucs dans toutes les périodes du jazz. »
Il a lui-même un penchant pour le courant hard bop. « Je ne me pose pas de questions. J’ai souvent dit à des gens : n’importe quel disque Blue Note publié entre 1955 et 1972, j’achète sans même regarder! »
PAS MUSICOLOGUE
Stanley Péan n’est pas allé du côté de l’analyse musicologique dans son essai. « Je ne suis pas musicologue. Ce serait de l’imposture si je commençais à analyser, la quinte diminuée ici, le changement d’accord… C’est pas ma manière d’aborder la musique. La musique me touche de manière très impressionniste et après, je m’intéresse aux vies des gens qui l’ont faite, même si je pense qu’il faut faire la distinction entre la vie et l’oeuvre. »
En ce moment, Stanley Péan travaille sur une biographie du contrebassiste montréalais et compositeur Michel Donato.