Le Journal de Quebec - Weekend
AMOURS COMPLEXES DANS LE RICHELIEU
Après avoir connu beaucoup de succès avec ses précédentes sagas historiques, l’historien et auteur prolifique JeanPierre Charland propose une toute nouvelle série à lecteurs, Odile et Xavier. Se déroulant dans la vallée du Richelieu, le premier tome, Le vieil amour, raconte des amours déchues qu’on tente inutilement de rapiécer.
Après avoir été soigné en secret par le Dr Turgeon pour une tentative de suicide ratée, Xavier Blain avait choisi de quitter Douceville en 1901.
Clarisse, l’objet de sa peine d’amour, l’avait éconduit au profit d’un prétendant dont l’avenir lui paraissait plus prometteur.
Mais ce fut un mauvais choix: décédé peu de temps après leur mariage, il la laisse dans la misère avec sa fille Odile.
Quand Xavier revient à Douceville presque 20 ans plus tard à titre de directeur de la banque locale, c’est un homme fait, à la carrière bien installée.
Clarisse voit en lui un prince charmant venu la sortir de sa condition sociale peu enviable… mais Xavier a plutôt les yeux rivés sur sa fille, qu’il courtise allègrement.
Jean-Pierre Charland, dans cette nouvelle saga, a choisi de raconter dans son histoire la perception qu’un homme peut avoir du syndrome du « beau chevalier qui vient sauver la pauvre jeune fille », où on attend de lui qu’il extirpe une femme de sa mauvaise condition sociale.
« C’est quoi l’avantage de l’homme, là-dedans ? Je comprends que pour la fille, c’est une forme de prostitution déguisée. Mais pour l’homme, jouer au sauveur, c’est pas tellement amusant », commente-t-il.
« Je voulais voir, quand un homme est tout à fait conscient qu’il s’agit strictement d’une stratégie d’affaires de la part d’une femme, comment il peut se sentir. »
RELATION BOITEUSE
En ajoutant qu’il s’agissait d’un ancien amour, Jean-Pierre Charland crée davantage de complexité dans cette relation boiteuse.
« Mon personnage porte aussi un regard sur sa propre naïveté: Clarisse n’était pas différente quand elle avait 20 ans. C’est juste lui qui était aveugle. »
Xavier jette son dévolu sur Odile, une jeune fille « tout à fait étrangère aux émois amoureux », décrit l’auteur.
« Il faut avoir un gars qui aime ce genre de rapports profondément inégalitaires, au niveau affectif. Xavier n’est plus un enfant. Et ce qui peut être confortable, au niveau matériel, peut être extrêmement déroutant au niveau intime. »
Xavier est directeur d’une banque – un milieu qu’il n’a jamais décrit dans ses romans.
« Je ne voulais pas que ce soit la réincarnation d’un grand capitaliste montréalais du Carré Doré en 1922. Je voulais un Canadien français qui vit confortablement et qui a fait son chemin. C’est un fils de cultivateur d’Iberville qui a réussi à faire son cours commercial avec les frères des écoles chrétiennes. »
LES JOURNAUX DE L’ÉPOQUE
Fidèle à ses habitudes d’historien, JeanPierre Charland a épluché les journaux de l’époque pour camper son roman dans un décor réaliste.
Il a aussi lu la correspondance entre un premier ministre de l’époque et sa fille. « C’est une correspondance touchante qui est beaucoup sur les moeurs, les relations hommes-femmes et les sensibilités sociales. »
Dans le premier tome, toute l’action se déroule à Saint-Jean-sur-Richelieu, mais Jean-Pierre Charland révèle que tout ce beau monde déménagera à Montréal dans le deuxième tome.