Le Journal de Quebec - Weekend
RÉSISTER ÀL’INVASION DES RATS
Après l’énorme succès de son roman Demain les chats, l’écrivain français Bernard Werber a imaginé que les chats prenaient la relève d’une humanité en péril dans son nouveau roman, Sa majesté des chats. Dans un Paris envahi par les rats, la petite chatte B
vidéos de rats qui poursuivent des chats, donc je crois qu’ils n’ont peur de rien. En plus, ils s’adaptent à tout et ils sont très intelligents. »
PENSER CHAT
L’écrivain a bien aimé « penser chat » pour décrire les humains dans son roman. « C’est tout le plaisir du romancier. Ça rejoint d’ailleurs un peu le chamanisme, où on doit essayer de se mettre à la place d’un animal. Moi, j’adore me projeter comme si on était un chat, un rat, un porc, un chien. Après, je propose à mes lecteurs de s’amuser de la même manière ! » Auteur du best-seller Les Fourmis, Bernard Werber est un des romanciers les plus lus en France. Ses livres sont traduits dans le monde entier, notamment en Russie et en Corée du Sud où il est un véritable auteur-culte, vendu à plusieurs millions d’exemplaires. Il rencontrera ses lecteurs québécois à l’occasion du Salon du livre de Montréal. Sa majesté des chats fait partie d’une trilogie.
Dans cette suite de Demain les chats, qui peut être lue indépendamment, les rats ont envahi les berges de la Seine, la ville, Versailles, et empilent des crânes humains pour faire des tours de guet.
La situation est horrible et Bastet est convaincue que les chats doivent prendre la relève : la civilisation s’est effondrée. La brave Bastet convoque toute une galerie d’animaux pour cette grande aventure qui est en fait une satire pleine d’humour de la société.
Bernard Werber, en entrevue, explique avoir voulu faire une réflexion sur notre civilisation et notre rapport à la nature — et aux animaux en particulier.
« La civilisation humaine me semble arrivée à un endroit où elle accélère et où elle est en danger. Je voulais évoquer cela. Il me semble que, depuis Demain
les chats, il y a une tendance suicidaire, c’est-à-dire qu’on est en train d’accepter de s’autodétruire. L’idée commence à être diffusée de différentes manières : on trouve normaux des comportements qui me semblent anormaux. »
Par exemple ? « Je trouve qu’il y a une très grande tolérance par rapport aux grands sujets qu’on voit à la télévision, à savoir le terrorisme, la pollution. Au Canada, il y a le gaz de schiste, qui a été voté par Trudeau, c’est quand même aberrant : on va détruire de l’eau douce, buvable, pour avoir du pétrole pour rouler avec sa voiture. On se tire une balle dans le pied : on détruit la nature, on détruit quelque chose qui donne force à la vie pour avoir une consommation immédiate. On est en train, pour avoir un court terme, d’enlever nos chances d’avoir un long terme. »
Bernard Werber note qu’il y a une sorte de disparition du civisme et du vivre-ensemble, au nom du respect de l’individualité. « Le respect de l’individualité, ça nous amène juste à nous autodétruire, donc c’est nul. »
LES RATS DE PARIS
Il rappelle que son roman n’est pas si éloigné de la réalité puisque Paris est aux prises avec de graves infestations.
Ce qu’il raconte donne la chair de poule. « À Paris, des jardins publics ont été fermés parce que des rats attaquaient les enfants. On est en 2019… »
« Ce n’est pas dans le futur, c’est pas dans 50 ans, c’est pas dans un monde du Moyen Âge : c’est de nos jours, dans notre Paris moderne, et, à mon avis, New York et New Delhi sont aussi des villes qui sont remplies de rats et dans lesquelles les rats vont poser un réel problème, au premier degré. C’est pas juste une imagination… c’est réellement une menace. Sur internet, on voit des