Le Journal de Quebec - Weekend

LES BONS INVESTISSE­MENTS DE MOIST

Enregistré pour une poignée de dollars, l’album Silver a transformé une bande d’inconnus en vedettes du rock alternatif canadien. Il y a 25 ans. Moist était né.

- CÉDRIC BÉLANGER

Au bout du fil, le chanteur David Usher plonge dans ses souvenirs. « Nous étions un groupe de la côte ouest. Nous étions fortement influencés par Seattle. »

Retour en 1994. Le grunge n’a pas encore amorcé son déclin. Tout juste avant la mort tragique de Kurt Cobain en avril, le style musical qui a changé le visage du rock séduit des masses de jeunes grâce à la popularité des Pearl Jam, Soundgarde­n et Nirvana.

C’est à ce moment qu’un groupe de Vancouver lance un premier album, sans le soutien d’une maison de disques, qui lui a coûté la somme dérisoire de 4000 $.

Taillé dans le moule grunge avec ses couplets tranquille­s et ses montées en puissance dans les refrains, le premier extrait, Push, frappe un grand coup, propulsé en grande partie par le succès de son vidéoclip en noir en blanc que la chaîne Much Music joue en boucle.

« Avoir son premier hit, c’est une expérience bizarre, confie Usher. Nous avons investi 2000 $ pour tourner le clip en nous disant que si Much Music le jouait quelques fois, on serait heureux. À l’origine, il était fait de plusieurs prises à différents endroits. Mais à la fin, quand on a regardé les images, il y avait cette longue prise qui descendait le couloir qui fonctionna­it tellement bien avec la chanson. »

Choix judicieux. Push a été élu vidéoclip de l’année, en 1995, à la soirée des prix Juno.

Bref, en investissa­nt quelques milliers de dollars pour son album et son clip, Moist a fait banco. « Ça a bien tourné », rigole Usher.

LE TEST DU SECOND ALBUM

Bien tourné ? Les amateurs de rock alternatif se précipiten­t chez les disquaires. Soutenu aussi par la chanson-titre et Believe Me, Silver s’écoule à 400 000 exemplaire­s.

En fait, la popularité de Moist est telle que les musiciens se retrouvent dans une impasse lorsque vient le moment de retourner en studio pour enregistre­r un second album.

« Creature (sorti en 1996) a été très difficile. Quand Silver a explosé, nous avons abandonné nos appartemen­ts et avons vécu deux ans et demi sur la route, à l’hôtel et dans les avions. À notre retour à Vancouver, j’ai décidé que je ne voulais plus vivre là. J’en ai parlé aux gars, et nous avons déménagé à Montréal, une ville que nous aimions, et c’est là que nous avons composé Creature. »

Sauf que Moist n’a plus rien dans ses fonds de tiroirs et doit, en plus, gérer les attentes de ses nombreux fans. « Nous repartions à zéro, mais avec un son, des attentes et la vie folle que nous menions », se rappelle David Usher.

À quel point Creature cause-t-il des maux de tête aux musiciens? Son titre le plus populaire, Resurrecti­on, se retrouve sur l’album in extremis. « On l’a enregistré à la dernière seconde, juste avant que l’album sorte. »

Après Creature, le groupe lance Mercedes 5 and Dime, en 1999, avant de faire une longue pause. Une très longue pause qui nous mène en 2014 à l’album Glory Under Dangerous Skies.

Cette fois, les gars ne se lâchent plus. En plein coeur d’une tournée qui célèbre les noces d’argent de Silver, le groupe a même repris l’écriture de nouvelles chansons.

Pour quand ? se demandent sûrement les plus pressés. Quand ce sera prêt, répond David Usher.

Une édition 25e anniversai­re contenant des versions jamais entendues des chansons de Silver paraîtra le 29 novembre.

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David Usher et le groupe Moist

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